L'on parle communément de "l'Anticyclone des Açores" qui nous procure généralement un temps calme et ensoleillé ; mais dans ce court roman de Jean-Luc Marty, c'est bien d'une dépression très creuse, d'une tempête de fin du monde qu'il s'agit...
Le Narrateur attend en vain un navire qui n'arrivera pas, racheté par un armateur véreux et immobilisé quelque part dans l'Atlantique. Sans patrie (il est né en pleine mer), sans projet ni avenir, notre homme fréquente le port de Commerce, le bar de Siam, lieu de rendez-vous de tous les hommes perdus et des trafics les plus louches, se fait embaucher comme docker sur le port de pêche... et boit. La tempête, magnifiquement décrite, se déchaîne sur le port (peut-être Brest ? le "bar de Siam" évoque la rue du même nom...) ; il rencontre une mystérieuse jeune femme, réfugiée albanaise traumatisée par un conflit armé au point de ne plus pouvoir supporter la vue d'un uniforme, et qui attend, elle aussi, un navire chargé d'Albanais, qui arrive enfin après avoir erré sans eau potable ni nourriture pendant des jours...
Dans ce paysage dévasté, sous un vent obsédant et la pluie, règne la solitude et la violence ; la brève rencontre entre Elena et le narrateur ne sera qu'une éclaircie, minuscule et peut-être illusoire... Ce roman évoque à la fois Conrad ( Typhon) et Camus ( La Chute)...