En ce premier ou dernier jour du monde
la vie suinte par tous ses pores,
hölderlin s’est assis au bar de la rotonde
et d’un œil las observe la triviale métaphore :
une fenêtre éclatée, le garçon qui titube,
une jeune fille en string et lèvres tatouant de sang
la pomme vert paradis qu’elle mord
d’un air à la fois victorieux et lugubre,
hölderlin a plongé son œil dans le soir qui descend
sur les toits incendiés, sur les eaux rougies du port,
et ne sait plus s’il devrait s’esclaffer ou gémir,
un vieillard passe avec des yeux de poisson mort
et plus blanchi que le fantôme du roi lear,
cordélia s’est levée pour quitter sans remords
le premier ou dernier jour du monde,
ce qui survivra c’est ce que les poètes fondent
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Henri Abril (né à Mataró, Espagne, en 1947)
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