Album- Harakiri For The Sky - Mære

Publié le 29 décembre 2020 par Concerts-Review

Album- Harakiri For The Sky - Mære

AOP Records

Par NoPo

HARAKIRI FOR THE SKY 'MAERE' 2020LINE UP
Harakiri for the Sky vient de la région des valses et de Sissi l'impératrice mais le groupe ne semble pas avoir le mal du pays car, musicalement, la Scandinavie l'emporte.
Les Autrichiens peignent un profond blackgaze à la fois dépressif (harakiri n'est pas une ferme où les chevaux s'amusent!), atmosphérique et mélodique.
9 ans après leur (mal)formation, sort leur 5è album 'Maere', ville qui était l'un des principaux centres religieux de Norvège, adepte du sacrifice.
Bienvenu au Black métal givré, spécialité norvégienne (comme l'omelette qui ne l'est pas d'ailleurs!)
La pochette présente un dessin monochrome de loup sur fond bordeaux. Deux mains écartent fermement sa peau sur le museau pour dévoiler une mâchoire de loup garou. Deux os croisés en 'X' séparent les initiales du patronyme 'H' en haut, 'F' à gauche 'T' à droite et 'S' en bas et le nom 'MAERE' en dessous.
En les écoutant, on perçoit des vagues d'Agalloch, l'américain mais il n'est pas interdit de sentir les suédois de Soilwork et surtout nos compatriotes Alcest dont on va reparler.
Le chant hurlé (inflexion screamo), les blast beat dans un débit élevé et les guitares tendues en filets arachnéens caractérisent leur musique à haute tension.
A part le dernier, tous les titres s'allongent entre 7 et 11 minutes de quoi s'exprimer librement.
'I, Pallbearer' en guise d'apéro, offre une bière au porteur de cercueil qui démarre par un riff poignant, soutenu par une 2è guitare, l'ensemble, giflé au milieu des cymbales.
La batterie monte ensuite d'un ton sur les toms pendant qu'une 6 cordes délivre quelques harmoniques aguichantes.
On entre alors dans le corps de la (dé)composition saturée par le chant aigu, extirpé du fond de la gorge, et des frappes à 500 BPM cependant la guitare trace la voie.
Le morceau se termine dans une minute de recueillement sur un piano mélancolique.
'Sing for the damage we've done' introduit d'abord des accords de guitare, mêlés aux notes d'un piano, martelés par des coups puissants. L'effet séduisant contraste avec la suite (jouée à la vitesse de l'éclair comme le morceau précédent) entrecoupée de courts passages planants et parfois des chœurs angéliques. Neige (Alcest) y ajoute une couche de cris douloureux. Des instants d'amertume parfument ce titre qui reste prenant jusqu'à son arrêt brutal.
'Us againts December skies' maintient la température glaciale et angoissante de Décembre dans la durée. Peu de respiration, en effet, dans cette valse désespérée à la relance continuelle (sauf une petite minute de répit qui s'évapore vite).
On suffoque dans la tempête de neige et les chutes de congères mais on avance sur un chemin musical bien balisé.
Un riff à la Paradise Lost lance 'I'm all about the dusk' plus lent et lourd au départ. Ici, l'éternité dure 11 minutes. On se sent transi dans un froid crépusculaire et secoué par des vagues imposantes après un naufrage. Des passages vers la 3è minute et surtout la 10è font espérer le sauvetage en mer mais on finit par sombrer dans un abime profond.
'Three empty words' part sur les chapeaux de roue et se stabilise rapidement dans une accalmie puis s'installe sur un rythme élevé mais régulier. La trame torturée, en incantations, bouleverse. Puis, un répit, une nouvelle fois de courte durée, annonce une fin dans un chaos organisé.
'Once upon a winter' commence par une menace sur un riff tendu et répétitif puis on pourrait presque croire à une berceuse, un peu énervée, certes, mais ce serait une ballade selon Harakiri que je ne serais pas surpris.
Mais l'hiver est long (10'26), il faut bien se réchauffer alors ça finit quand même par accélérer.
Toutefois, un ralentissement gracieux et bienvenu, un peu avant la 9è minute, illumine la compo qui se termine dans un temps lancinant à la Evergrey.
'And oceans between us' fait monter des vagues d'émotions. Si ce n'est la voix hurlée, l'ambiance générale épique, alterne creux et bosses, bosses et plaies, de nouveau en souvenirs d'Evergrey. La mélodie puissante portée par la guitare ne nous lâche pas le cerveau d'un neurone.
'Silver needle-Golden dawn' accueille le chanteur masqué du groupe portugais Gaerea.
Un piano aux accords mineurs entraine une guitare dans un torrent musical. A nouveau la mélodie met notre système sensoriel à rude épreuve. On aimerait crier de joie, par moments, mais, après une respiration à 5'30, c'est le déchirement qui s'empare finalement de nous.
'Time is a ghost' nous piège d'abord à contre-corde par sa guitare sèche en arpèges, cependant la douceur ne fait pas long feu (36 secondes) avant que tout s'embrase. Un magma de braises étouffantes envahit l'atmosphère et, à nouveau, des éruptions volcaniques crachent leur sève brûlante.
Dans une dernière phase à 6'45, un son de guitare acoustique, accompagné d'une autre guitare au timbre de violon, annonce une fin progressivement violente.
Surprise (ou pas) l'album s'achève par la reprise de 'Song to say goodbye' de PLACEBO (album 'Meds' 2006) dont la musique possède aussi ce côté mélancolique qui sied si bien à HFTS.
Le thème joué principalement au piano se marie parfaitement au climat général de l'album en crève-coeur. La compo originale, défigurée, ne se reconnaît que par son gimmick au piano et un duo clavier guitare de quelques secondes.
"Maere" impose un bloc monolithique et pourtant l'émotion suinte sur la matière scintillante.
Sous pression, l'expression de la douleur, comme un éclatement, fait office de purification.
Le cri viscéral, craché, porte l'angoisse, l'instrumentation la tension, le tout capte l'attention.
Sous sa couverture de métal extrême, la musique de Harakiri for the Sky se veut bien plus sensible qu'il n'y parait; elle mérite de profonds plongeons dans sa triste matrice.
M.S. - guitar, bass, songwriting
J.J. - vocals, lyrics
batteur de session Kerim " Krimh " Lechner (Septic flesh)
Track-listing :
01. I, Pallbearer
02. Sing For The Damage We've Done
03. Us Against December Skies
04. I'm All About The Dusk
05. Three Empty Words
06. Once Upon A Winter
07. And Oceans Between Us
08. Silver Needle // Golden Dawn
09. Time Is A Ghost
10. Song To Say Goodbye