[Critique] SOUL

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Soul

Note:

Origine : États-Unis

Réalisateurs : Pete Docter, Kemp Powers

Distribution voix (V.O.) : Jamie Foxx, Tina Fey, Graham Norton, Rachel House, Alice Braga, Richard Ayoade, Phylicia Rashad, Questlove…/(en V.F.) : Omar Sy, Camille Cottin, Ramzy Bedia…

Genre : Animation/Drame/Fantastique/Comédie

Durée : 1h40

Date de sortie : 25 décembre 2020 (Disney +)

Le Pitch :

Joe Gardner, un professeur de musique, a toute sa vie rêvé de vivre de sa passion, le jazz. Un jour, une pointure de la discipline lui donne enfin sa chance. Mais c’est alors qu’il jubile à l’idée d’enfin embrasser sa destiné que Joe est victime d’un accident… Ce qui va lui arriver ensuite, dans un monde étrange où les âmes attendent de voir attribuer un corps, va entièrement bousculer ses certitudes…

La Critique de Soul :

Au début, avant que le coronavirus ne vienne complètement chambouler un ordre établi que l’on croyait immuable, comme de nombreux autres films, Soul, le nouveau Pixar, devait suivre un plan bien précis. Tout d’abord, une sortie au Festival de Cannes était déjà programmée. Présentation au Grand Palais et tout le bazar, avec rencontre avec le public, un peu partout dans le monde et arrivée quelques mois plus tard dans les bacs DVD et Blu-Ray. Mais non… À la place, encore une fois à l’instar de nombreux autres longs-métrages, Soul est resté en stand-by. Puis Disney a décidé d’en faire un merveilleux cadeaux de Noël aux abonnés de sa plate-forme.

Et c’est alors que le film de Pete Docter et Kemp Powers est arrivé sur Disney + le 25 décembre, au grand dam de pas mal de spectateurs. Une production très attendue, reléguée au petit écran… Oui c’est regrettable car Soul était fait pour s’épanouir au cinéma. Regrettable qu’il ait rejoint le groupe des grands sacrifiés dont le devenir est venu alimenter les craintes de ceux qui redoutent le grand chamboulement qu’est en train de gérer l’industrie du septième-art. Mais là n’est pas le sujet et au moins, nous avons pu le voir. Soul qui mine de rien, et tant pis pour le « petit » écran, est arrivé à point nommé. Arrivé au bon moment pour clôturer de la plus belle des façons une année cinéma pour le moins étrange…

Du vague à l’âme

Pete Docter a ici collaboré avec Kemp Powers. Docter à qui on doit Montres et Cie, Là-haut et Vice Versa. Docter qui a donc emballé, ou co-emballé si vous préférez, quelques-uns des plus grands Pixar. Docter dont le nouveau film est une merveille absolue. Un vrai bon gros morceau de cinéma, avec une âme…

Et si on commençait par dire que Soul est une prouesse visuelle ? Un beau film. Superbe même. On évacue rapidement ce point car venant de Pixar c’était prévisible. La moindre des choses. Même si ici, l’audace est encore plus de mise. Car s’il y a de l’hyper-réalisme dans Soul, avec ces incroyables vues de New York notamment (on s’y croirait), il y a aussi des choses plus surprenantes. Du cubisme et du surréalisme par exemple, coucou Picasso. Une fresque foisonnante donc le caractère onirique vient parfaitement nourrir une écriture dénuée de cynisme, elle aussi exceptionnelle d’humanité, de pertinence et de tendresse. Soul est donc un beau film. Un merveilleux film.

Musique et mots de l’âme

Mais Soul est aussi une ode au jazz. À la musique au sens large plutôt. Où carrément, c’est plus simple, à l’expression des sentiments. À tout ce qui peut nous aider à nous accomplir, à nous perdre pour mieux nous retrouver. À faire de nous des humains au sens noble. Soul, c’est la peinture pleine d’éloquence de notre nature profonde en tant qu’être doué de cette faculté à transcender notre quotidien pour nous élever. Ou simplement à apprécier ce qui nous est donné. Soul, en cela, va à l’essentiel. C’est le moins que l’on puisse dire. En moins d’1h40, Pete Docter et Kemp Powers parlent de la vie. D’avant la vie aussi et un peu de l’après. De ce laps de temps durant lequel nous devons composer avec nous-mêmes, avec tout ce que cela sous-entend, pour mieux composer avec les autres.

Très philosophique, le nouveau Pixar est ainsi, logiquement, davantage encore que l’excellent Vice Versa, le plus adulte des films du studio à la lampe. On rigole certes mais on pleure aussi beaucoup tout en réfléchissant. On s’émerveille devant tant de clairvoyance et on pleure encore un peu en saluant l’universalité de ce message limpide comme un solo de saxo. À travers le jazz, Soul trouve le chemin de nos cœurs, exploite des codes bien connus mais se les approprie pour au final les refaçonner, en accord avec ses intentions. Non franchement, c’est balèze.

Et tout ceci sans prétention. Le récit est fluide, admirablement construit et la musique parfaitement utilisée. Tout s’imbrique à merveille au fil d’une partition d’une absolue richesse et d’une infinie tendresse. Alors oui, Soul est un chef-d’œuvre. De ceux qui laissent un peu groggy et auxquels ont repense longtemps après la « projection ». Sur petit ou grand écran donc…

En Bref…

Parfait point final d’une année cinéma 2020 chaotique, Soul fait un bien fou. Un film complexe mais fluide, formellement miraculeux, tendre, drôle et décalé, courageux également et pertinent, qui, avant tout le reste, parle de la vie. Un véritable bijou.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : The Walt Disney Company France
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