Pour la jeune pousse, désormais présente dans l'ensemble de l'Asie du sud-est, l'initiative constitue un prolongement logique de ses velléités de développement dans les services financiers, complémentaires de son activité d'origine et de ses ramifications dans la grande distribution (avec l'épicerie incluse dans sa plate-forme), la réservation de spectacles, l'accès au divertissement… Et, bien qu'elle ait récemment obtenu une licence bancaire avec l'opérateur SingTel, elle continue à s'appuyer sur des spécialistes.
En l'occurrence, Citi est déjà le fournisseur d'une carte de crédit distribuée par Grab, à laquelle vient donc s'ajouter la nouvelle option de prêt personnel, première du genre dans l'univers de la startup. Avec celle-ci, les porteurs peuvent solliciter en quelques gestes un financement flexible, sur une durée de 12 à 60 mois, à un taux attractif, directement depuis leur porte-monnaie virtuel universel. Les API utilisées pour cette collaboration facilitent la mise en place d'une expérience fluide, instantanée et sécurisée (dont il faut espérer qu'elle se prolonge sur l'ensemble du cycle de vie du contrat).
La démarche a de quoi surprendre de la part de la banque. En effet, en s'adressant exclusivement aux détenteurs de ses cartes de crédit, elle capitalise sur une évaluation de risque existante, qu'elle n'a quasiment plus qu'à compléter avec l'historique d'utilisation, mais elle se concurrence elle-même avec un produit probablement moins rémunérateur. Il reste à supposer que ce choix résulte de la tendance – qui s'observe un peu partout dans le monde depuis quelques temps – des consommateurs à se détourner d'un instrument de plus en plus considéré comme dangereux.
Dans un registre différent, le cas de Citi constitue aussi une référence à retenir en matière de banque ouverte et d'opportunités qu'elle génère. Car son opération avec Grab représente une excellente démonstration de l'émergence d'un nouveau canal de distribution pour les services financiers – à travers les API – et de son importance potentielle. Il se trouve que les acteurs technologiques qui bâtissent des « super-apps » sont des candidats de premier ordre pour profiter de cette vague montante.