Le 9 décembre, l'ambassadeur du Nigeria réclamait le retour dans son pays des bronzes du Bénin, 180 bustes et sculptures datant des XVIe et XVIIIe siècles. Une affaire délicate pour l'Allemagne qui se veut exemplaire pour ce qui concerne les œuvres spoliées par les Nazis, mais qui est moins pointilleuse quant à son passé colonial. "Comment est-il possible d’en arriver à un tel désastre? Ce qu’on a construit là, c’est un Disneyland prussien", clame Jürgen Zimmerer, professeur d’histoire coloniale à l’Université de Hambourg.
La presse allemande n’est guère plus charitable, elle compare cet édifice à un "centre commercial", à un "hall d’aéroport", u ou à un "Motel One". Quant à la Frankfurter Allgemeine Zeitung elle assène "Nous sommes loin de la dimension internationale des grands projets culturels de Paris et de Londres". Au contraire, le directeur des lieux Hartmut Dorgerloh déclare lors d’une courte conférence de presse le 16 décembre "C’est un lieu ouvert à tout le monde". Pour le maire de Berlin, Michael Müller, il sera un lieu "de réflexion sur notre histoire et notre rôle dans le monde".
Le Forum Humboldt accueillera les collections du Musée ethnologique, celles du Musée d’art asiatique du musée de la ville de Berlin ainsi qu’un laboratoire d’idées de l’Université Humboldt, située juste en face qui fut fondée le 16 août 1809. En outre, l’institution proposera un abondant programme culturel comprenant concerts, cinéma, danse, théâtre et littérature. Sans oublier les expositions permanentes des trois musées résidents, un ensemble de 20.000 pièces archéologiques, documents ethnologiques et œuvres d’art sur une superficie de 14.000 m2. Et qui se veut un centre d’échanges et surtout de dialogue que n’auraient point renié les grands savants du XIXe siècle auxquels elle doit son nom, Alexander et Wilhelm von Humboldt. Le premier, géographe et naturaliste parcourut l’Amérique du nord au sud de 1799 à 1804 et le second linguiste et philosophe fonda notamment l’Université de Berlin.
En dépit de la polémique, la ministre de la Culture Monika Grütters a précisé que l'histoire de l'époque coloniale, jusqu'ici négligée, doit également être racontée. Elle a ajouté "Je suis heureuse que le Forum Humboldt ait lancé ce débat" et elle a affirmé que les bronzes béninois controversés seront exposés "dans le contexte du débat actuel sur la restitution". Rédaction internationale En savoir plus sur cet auteur A un an et demi des prochaines élections présidentielles, les premières candidatures se manifestent, tant à droite qu’à gauche. Pour l’heure, elles semblent être enregistrées comme si elles n’avaient pas grand intérêt. Pourtant, la plupart d’entre...