C’est une idée géniale, remarquablement réalisée par les éditions L’Harmattan. Restituer un conte du Darfour en trois langues distinctes : français, anglais et arabe. Faris Bilala et le lion d'Abdelaziz Baraka Sakin, écrivain soudanais de langue arabe, dont plusieurs de ses romans sont traduits en anglais et français.
Traduction
Avant d’aborder le sujet de ce conte, j’aimerais traiter la mise en forme choisie pour ce conte en trois langues. Il est bon de signaler que la traduction est assurée par Xavier Luffin qui a obtenu le grand prix de la traduction de la ville d’Arles, cette année. Pour le roman Les Django d’Abdelaziz Baraka Sakin. Ce travail de traduction est important. Je ne sais pas comment il a été organisé en amont lors de la conception de l'ouvrage. Je peux juger de la qualité de la langue française à la fois accessible mais tout de même exigeante. Du coup, la première recommandation en lien avec le niveau de langue, c’est que je peux mettre ce livre dans les mains d’un enfant de 8 ans. N’importe quel préado pourrait donc lire ce livre. Il sera séduit par l’alternance des langues entrecoupées par les illustrations. Une par page. Parfois deux. Pour moi qui ne sait rien de l’alphabet arabe, donc l’écriture de l’arabe, les séquences en arabe participent à l’esthétique de chaque page de livre. Elle constitue une sorte de ruptures intéressantes pour le lecteur francophone. Justement, les illustrations qui mettent en scène les gens de ce village terrorisé sont réalisées par Sess.Illustrations
Les dessins de Sess ont une sensibilité et une délicatesse que je trouve magnifique. On lit l’égarement, l’effarement dans l’expression des personnages de ce village au bord du fleuve Chari. Bon, un lion psychopathe fait régner la terreur dans la zone. Ce explique cela et les dessins traduisent cette réalité. Les coups de crayon de Sess Boudebess posent aussi le cadre de l'histoire. La végétation environnante. Le village. Sur mon smartphone, tout cela est en noir et blanc. Pause : j’ai acheté le livre sur Kobo et je l’ai lu sur mon smartphone.Je fais de plus en plus cela. Même si, ce n’est pas évident de rester concentré avec son téléphone, avec les notifications… Vous connaissez la musique. Fin de pause. Je ne sais donc pas à quoi ressemble le livre papier. Les illustrations de Sess séparent un paragraphe en langue anglaise et un autre langue française ou arabe.Thème et avis de lecteur
Quand tu travailles ton anglais, ce passage d’une langue à l’autre est à la fois ludique et instructif. C’est la deuxième recommandation. Si tu prépares ton TOEIC, pour la partie écrite, ça peut être intéressant de lire ce conte trilingue. Tu voyages au Darfour et tu enrichis ton vocabulaire. Cela étant donc le scope, la cible à un public plus large. Baraka Sakin est un poète. Je constate que je vous tutoie. Si vous avez lu ma chronique du roman Le Messie du Darfour (Prix les Afriques 2016), vous comprendrez la démarche de cet auteur. On retrouve la sensibilité de sa plume et l'affection qu'il porte à ses personnages dans ce conte. Le sujet ? Un lion remue le quartier. Alors que c’est le sauve-qui-peut, on cherche un homme pour rétablir la paix et neutraliser le lion. Ne craignez rien, je n’ai pas dit grand chose. Parce qu’il faut en savoir un peu plus sur Faris pour apprécier la morale très riche de cette histoire.Bref, un beau livre.
Abdelaziz Baraka Sakin, Faris Bilala et le lionEditions L'Harmattan, première parution en 2010, 40 pages