C'est le résultat un peu paradoxal d'une étude menée par CommBank : en dépit des difficultés économiques auxquelles ils sont confrontés depuis le mois de mars, une majorité d'australiens – et il est probable qu'il en serait de même dans la plupart des pays développés – ont vu leur bien-être financier progresser pendant la crise sanitaire.
La révélation n'est pas issue d'une manipulation ou d'un effort de propagande quelconque mais d'un dispositif de mesure, que je découvre aujourd'hui, mis en place par la banque à partir de 2018 afin d'évaluer régulièrement la situation de ses clients particuliers. Le « Financial Wellbeing Scales » (FWB) recourt à une analyse des comportements basée sur les transactions réalisées, qui détermine, par exemple, le ratio des dépenses par rapport aux revenus, le niveau d'endettement, la préparation à un imprévu…
Or cet indicateur global a enregistré au cours des 8 mois passés sa plus forte croissance depuis sa naissance. En outre, ramenée aux scores individuels, la performance se confirme avec 52% de personnes ayant amélioré leur position et 24% l'ayant maintenu à une valeur stable… Une partie de cette bonne nouvelle est, bien sûr, attribuable aux compensations instaurées par le gouvernement afin d'amortir les impacts de la pandémie sur l'emploi et les salaires, qui prouvent ainsi leur efficacité réelle.
Cependant, le facteur principal de l'embellie est la réduction sensible des dépenses des ménages durant la période considérée. Non seulement les politiques de confinement ont-elles limité leurs occasions de faire des emplettes mais, surtout, les consommateurs ont singulièrement infléchi leurs habitudes – autant, d'ailleurs, en limitant leurs achats qu'en remboursant leurs crédits ou en mettant de l'argent de côté – face aux incertitudes et aux craintes pour leur avenir que provoque la conjoncture actuelle.
Une telle évolution instinctive représente une excellente opportunité pour les institutions financières d'accompagner leurs clients dans l'adoption de meilleures pratiques. Tout d'abord, et comme l'a justement esquissé CommBank dès juin dernier, des outils pédagogiques dédiés pourraient aider à orienter leurs priorités, notamment entre le rééquilibrage du budget quotidien, la résorption partielle ou complète des dettes, la constitution d'une épargne de précaution, l'anticipation d'un projet important…
Plus profondément, il serait intéressant de se pencher attentivement sur les mécanismes psychologiques qui déclenchent ou encouragent les changements d'attitude lors d'un cycle de stress élevé comme celui que nous vivons, de manière à, peut-être, en reproduire les conditions quand les circonstances seront redevenues normales et permettre de la sorte à tous, d'une part, de maintenir les saines habitudes acquises durant les temps difficiles et, à plus long terme, de faciliter leur assimilation à tout moment.
En conclusion, la crise sanitaire aura eu au moins cet effet positif de démontrer que le principe de bien-être financier n'est pas qu'une simple illusion et qu'il est possible d'agir concrètement pour l'optimiser, validant de fait les démarches et les solutions qui s'attellent à cette mission. Après une telle confirmation, tous les acteurs du secteur devraient s'engager dans cette voie, d'autant que leurs clients risquent encore de souffrir d'une rechute si la reprise n'est pas aussi rapide que les spécialistes le prédisent…