S'éveiller, c'est voir et sentir et aimer que tout naît, vit et meure dans le mystère ineffable qui se dévoile à nu entre deux pensées.
C'est voir, sentir et aimer que tout est engendré en ce mystère. C'est pour cela que nous naissons dans la présence : afin de réaliser que tout nait en elle. Il y a donc deux naissances : la naissance des êtres et des choses dans la conscience universelle ; et la naissance de cette conscience en chacun, naissance qui est un éveil, une seconde naissance. Ainsi le monde naît au cœur de la lumière, puis cette lumière renaît au cœur de la nuit. Comment ? Par une attention fine et aveugle comme cette nuit même.
L'hivers est engendré dans l'été, les chaleurs s'allument dans les glaces. A la fin de l'inspir, le début de l'expir. Au plus profond de la nuit, l'aurore, d'abord une espérance, puissance à peine distincte du néant, présence dépouillée de tout éclat. Pourquoi ? - pour que chacun puisse la voir, la sentir et l'aimer.
D'abord, nous pressentons le mystère en chacun. Mais enfin, nous voyons, nous sentons et nous aimons toutes choses dans sa source, dans la présence germinale.
Ainsi notre vie intérieure part de l'expérience commune. Mais par la force de cette reconnaissance de tout en son Tout, cette expérience courante s'en trouve profondément modifiée. Rappelez-vous quand on vous montre un mouton dans un nuage. D'abord, vous ne voyez qu'un nuage comme les autres : c'est l'expérience commune. Puis soudain vous reconnaissez le mouton. Le nuage n'a pas changé et pourtant il n'offre plus le même visage. Et ceci, par le simple pouvoir de l'attention, de la dévotion, de la participation d'une conscience entière. Ainsi la conscience est naissance à travers la porte de l'attention.