Pour chaque 100 personnes qui subissent une arthroplastie totale de la hanche ou du genou, une ou deux personnes développeront une infection articulaire grave. Dans certains cas, plusieurs années après la chirurgie.
Pour prévenir certaines de ces infections, serait-il sensé de pré-enduire ces implants articulaires avec des antibiotiques ?
Cela peut sembler une bonne idée, mais près de 80 ans après la première chirurgie de remplacement de la hanche, personne n’a encore la certitude.
Cette question faisait débat cette semaine lors d’une conférence de trois jours à l’Université Thomas Jefferson, qui s’est terminée le vendredi. Des chercheurs de plus de 80 pays se sont organisés en équipes pour examiner les preuves de chaque stratégie de lutte contre les infections des prothèses de hanche, des genoux et d’autres implants articulaires, ensuite, ils ont présenté leurs conclusions à l’assemblée pour un vote.
Est-ce que l’utilisation d’opioïdes rend le patient plus susceptible de développer une infection? Est-ce que les téléphones portables – un réservoir potentiel pour les bactéries – devraient être bannis de la salle opératoire ? Les patients ayant une mauvaise hygiène dentaire sont-ils plus à risque d’infection articulaire?
« Ce sont des questions auxquelles nous sommes confrontés quotidiennement », a déclaré Javad Parvizi, coanimateur de la conférence, chirurgien et directeur de la recherche clinique à l’Institut Rothman de Jefferson.
En plus d’examiner les études sur les implants de hanche et de genou, qui représentent plus d’un million de chirurgies chaque année aux États-Unis, les participants ont abordé également des stratégies pour les chirurgies des autres articulations, comme l’épaule, la cheville, le coude et le rachis. Ainsi que des solutions qui pourraient s’appliquer à toute procédure orthopédique.
Un des défis auquel les chercheurs sont confrontés dans la prévention de ces infections : Elles ne sont pas communes.
Cinq ans après la chirurgie, 11 patients sur 1 000 porteurs d’une prothèse de hanche et 14 sur 1 000 qui ont une prothèse du genou pourraient contracter une infection articulaire, selon une étude réalisée cette année par Parvizi et Steven M. Kurtz, ingénieur biomédical à l’Université de Drexel.
Donc, si une certaine stratégie devait réduire ce risque à 10 pour 1000 patients au lieu de 11, il serait très difficile à détecter. Les chercheurs devraient suivre des milliers de patients pendant des années pour s’assurer que tout bénéfice apparent n’était pas dû au hasard. Pour la plupart des stratégies potentielles discutées lors de la conférence, une telle étude serait d’un coût prohibitif.
Dans certains cas, les chercheurs essayent de trouver la meilleure réponse possible en se référant à des études de laboratoires, ou tout simplement à un jugement professionnel.
En ce qui concerne le lien potentiel entre l’utilisation d’opiacés et l’infection, la réponse était « OUI », bien que les preuves aient été jugées limitées, d’après des études concluant que les médicaments peuvent altérer le système immunitaire.
De même, la preuve que les patients ayant une mauvaise hygiène dentaire étaient plus susceptibles de contracter une infection articulaire semble discutable. Mais les participants ont conclu que de bons soins dentaires pourraient être associés à de meilleurs résultats, selon la théorie selon laquelle les bactéries buccales peuvent migrer vers le site opératoire et se greffer sur l’implant prothétique.
Et interdire les téléphones portables dans la salle opératoire ? Pas assez de preuves pour cela, même si les chercheurs ont appelé à les nettoyer régulièrement.
Les enjeux sont énormes, car les États-Unis à elles seules dépensent 1 milliard de dollars par année pour traiter les infections articulaires, parfois avec plus de chirurgies pour éliminer les tissus infectés et même remplacer l’implant.
Les chercheurs ont également discuté des moyens de prévention contre les infections moins graves qui peuvent survenir au site opératoire.
Le chirurgien devrait-il mettre une paire de gants chirurgicaux toutes les 60 à 90 minutes ? Ou peut-être porter deux paires ? Aucune étude n’a prouvé que ces pratiques réduisent l’infection, mais elles ont un sens, a déclaré M. Parvizi lors d’une pause dans la conférence.
« Pourquoi ne pas porter deux paires de gants ? » Demanda-t-il. « Parce que si vous portez une paire, elle pourrait se perforer. »
Source : www.philly.com / Tom Avril.
Edité par l’équipe de rédaction ORTHODZ