Sur le bord du chemin, un miroir.
Aux alouettes, fraîches mais naïves créatures.
Tout ce qui brille n'est pas d'or.
Qui n'est pas sobre le saura bien assez tôt.
Sans le jeûne du silence intérieur,
le banquet des expériences fascinantes
nous entraîne dans le labyrinthe d'une confusion sans issue.
Hors l'hiver de la froide lucidité,
le cristal du discernement mystique
fondra bien vite
au soleil de ces frivolités.
Pour voir ce que mon cœur désire,
je dois m'enfoncer là où je ne vois plus.
En ces ténèbres, le regard s'accoutume
peu à peu à cette nuée obombrée de la vraie clarté
et se sèvre doucement des vaines curiosités.
Seul le désert est assez pur pour nourrir en son sein
les abondantes semences du bien.
Tout doit passer par le sépulcre
d'une mort dépouillée, comme sans retour.
Ne rien exclure, car tout est divin,
revient à ne rien laisser en place du silence,
car le Transparent demande cette transparence
pour paraître trésor tel qu'il est,
seul avec la seule âme diaphane.
Les yeux grands ouverts,
les paumes déposées sur des jambes fourbues,
le paradis entre en nous
si nous ne sommes plus.
En toute évidence, l'aube lointaine
se précipite dans le Loin-proche,
l'intime en amont de tout Moi.
Dans cet oubli je me souviens.
En cette déprise je suis pris en charge.
Plus je consens à cette mort invisible,
plus limpidement je renais.
Plus je me perds, plus je me retrouve,
autrement, en ce que je désire.
Ce ne sont plus que cycles veloutés
et nouveautés renouvelées.
Les aubes se succèdent,
uniques mains tendues vers l'un.
Alors tout se transmute de soi
et tend au bien,
dans l'assurance que tout est déjà bien.