10- The Jacques - The Four Five Three (Modern Sky UK)
Le résultat, ce sont des titres très pop, à l'image de "Do Me For A Fool" dans l'esprit des regrettés Her's, ou l'entraînant et irrésistible "Henrick", mais aussi des morceaux aux rythmiques nettement plus lourdes voire psychédéliques, surtout en début du disque. Bref, il est difficile de cerner la direction prise par The Jacques. Leur premier album "The Four Five Three" est chaotique comme cette année 2020 mais finit par le rock lyrique et héroïque de "God's Lick" de la meilleure des manières. L'avenir n'est pas si sombre.
9- Other Lives - For Their Love (ATO Records)
La musique des américains originaires de Stillwater en Oklahoma gagne en amplitude, en épaisseur, sans perdre son côté accessible, assez immédiat. Dès les premières notes de "Sound of Violence", tout est déjà en place, la voix, les cordes et le son boisé des guitares. D'un coup, on se sent bien, à la maison, à l'image de celle de la pochette. Il ne manque que le feu dans la cheminée, les braises qui crépitent. Other Lives, c'est ce qu'on voudrait tous, en ce moment. Les voilà donc promis au succès. Enfin mérité.
8- Porridge Radio - Every Bad (Secretly Canadian)
Surtout ne pas s'arrêter à l'écoute d'une ou deux chansons de ce "Every Bad". Cet album, à l'image de ses glorieux aînés, se déguste sur la longueur, pour en apprécier sa variété, ses multiples influences. Vous verrez, rapidement, vous n'arriverez plus à vous en défaire. Vous aimerez vous y perdre et y revenir encore et encore. "Every Bad" est le premier grand disque de rock de l'année et donc de la décennie.
7- Sault - Untitled (Black Is) (Forever Living Originals)
L'album, même long, s'écoute d'une traite - sans mauvais jeux de mots, étant donné le sujet - en maintenant intacte la curiosité et l'attention, car il propose beaucoup et en qualité. Voilà un disque éminemment politique, très bon de surcroît et qui mérite donc amplement de représenter cette "maudite" année 2020. Un disque qui donne envie de croire en des jours meilleurs, qui donne envie de croire aux "miracles".6- Jonathan Bree - After The Curtains Close (Lil' Chief Records)
Le rouge de "After The Curtains Close" fait suite au bleu de "Sleepwalking". Si le ton est plus sombre - les textes ont été écrits suite à une rupture sentimentale -, la musique (et la qualité) reste sensiblement la même. On retrouve donc cette pop d'inspiration sixties - Gainsbourg ou les "girls groups" chers à Phil Spector - aux arrangements soignés portés par la voix de crooner discret de Bree.
5- Grimm Grimm - Ginormous (Tip Top)
De jolis petits contes pour enfants, voilà à quoi ressemblent ces petites miniatures pop lo-fi. Sauf que derrière les apparences (comme pour les frères Grimm), tout n'est pas si rose. "I always wanted to write an album that sounds as a wedding and a funeral at the same time" dit-il en parlant de son dernier album justement. On peut lui répondre qu'il a réussi.
4- Ezechiel Pailhès - Oh (Circus Company)
Si tout cela est ici admirablement mis en musique. Dans les rares cas où les textes sont faits "maison" comme pour l'excellent titre d'ouverture "J'aimerais tant", on y gagne pourtant en sens mélodique. Bref, comme son nom l'indique, ce "Oh!" est une bien belle surprise. Disque français de l'année.
3- Hen Ogledd -Free Humans (Domino Records)
Je ne sais pas si on aimera toujours ces australiens, comme le titre de leur album, mais en tout cas, leur discographie est pour l'instant assez jubilatoire, leur musique dégage une énergie euphorisante. Idéal pour ces fêtes moribondes qui s'annoncent.
1- Dan Deacon - Mystic Familiar (Domino Records)
Dan Deacon est comme ça, tel un gamin, il adore toucher à tout, quitte à casser ses propres jouets. On comprend qu'il n'est pas encore prêt de passer à l'âge adulte. On peut s'en offusquer mais c'est aussi ce qui fait l'essence et l'attrait de sa musique. Elle est joyeusement régressive et n'a de limites que nos oreilles qui ont sans doute trop l'habitude de musiques aseptisées.