Album - Volch'ya Yagoda par Theodor Bastard

Publié le 22 décembre 2020 par Concerts-Review

Volch'ya Yagoda par Theodor Bastard

par NoPo

Label: Season of Mist

Les artistes, originaires de Saint-Petersbourg, se réunissent dans les années 2000.
Le titre russe de leur 9è opus, signifie Wolfberry, baie du loup? Apparemment une baie toxique en Russie alors que la chinoise baie de goji (wolfberry aussi), entretient la jeunesse éternelle!
Gojira, Gojira pas (qui jira le dernier), quoiqu'il en soit, ce mot évoque la nature comme cet album sent le panier bio (j'ai pas dit beurk pourtant Björk n'est pas si loin!).
Le visuel, proche de l'ésotérisme, présente au 1er plan, sur fond marbré, vert bouteille, un dessin d'arbre doré apparemment entouré de 3 astres.
Ses racines se transforment en une espèce de chaman coiffé de bois ramifié et semblant tenir un tambourin.
En dessous, le nom du groupe et de l'album, centrés, collent à la couleur de l'arbre. L'écriture de 'THEODOR BASTARD' se signale par sa police en pointe de flèche.
Le langage employé dans les textes, tiré d'un mélange de langues anciennes et de mots inventés, idiosyncratique (à vos souhaits!) s'accorde à l'imaginaire renvoyé par l'image spirituelle sur la pochette.
L'écoute de cette oeuvre ouvre un dictionnaire d'instruments exotiques et ethniques (exothniques donc!) : jouhikko (lyre finlandaise à 2 ou 3 cordes), Bawu (flûte chinoise), ocarina (instrument à vent qui ressemble à un sèche-cheveux -ou une tête d'oie), darbouka (tambour à gobelets), didgeridoo (trompette tubulaire)...
Leur utilisation essaimée provoque un bourdonnement introspectif d'une grande sérénité (même si la vie russe, avec ou sans Covid, reste difficile...).
Le 1er morceau désoriente malgré sa flûte au son de sirène d'un paquebot indiquant le point de départ du voyage.
Tout à l'inverse, 'Shumi' me scotche. Cette balade au grand air médiéval ne ferait pas tâche sur une compo de Blackmore's Night chantée par Candice.
La mélodie envoûtante mélange flûte et guimbarde (sur fond de synthé et percussions) pour le plus grand plaisir de la voix sensuelle de Yana. Le ressenti serpente entre souffles remplis de fraîcheur et vitalité luxuriante.
Une harpe porte, comme une prière, 'Skejgored' mais la tonique au clavier bordé de violoncelle me rappelle aussi Kate Bush. Quelques petits bruits électroniques gouttent de ci de là et flirtent avec une harpe suédoise.
Tout confère à un effet de légèreté.
'Urzala' nous transporte à bout de souffle et dans un état second, au Tibet, derrière le Dalai Lama (ou le chaman de la pochette) avec flûte, tambourin et clochettes, accompagnés de chœurs liturgiques.
'LES', sobre et hypnotique, s'enfonce dans un profond trip hop qui prend aux tripes.
'Kamen, Sneg, Metal' interprété à 2 voix homme/femme et ukulele respire un doux parfum de tradition folk russe.
'Secrety' ensorcelle littéralement. Un triolet de bips se mêle à une nappe ruisselante de piano/synthé déroulé pour une voix à la Mylène Farmer. Le rythme répétitif, sans heurt, nous entraîne dans une valse électronique.
'Requiem' porte bien son nom avec ses cloches d'enterrement et fait figure de bref intermède.
'Pozhato' s'ouvre à des voix (voies) inquiétantes et un rire de possédé. Sur un rythme martial, des collages électroniques, faussement incontrôlés, captent l'attention surtout lorsque la voix de Yana prend le dessus.
'Volchok' ressemble à une prière, assis au vent sur le sommet d'une colline. Une mélopée légère, au dulcimer, comme une brume transparente, ondoie lentement et s'estompe, puis... 'Obereg', aux notes évanescentes, redescend dans une morne plaine ...
'Fjorn Gaden' renvoie à Enya par sa mélancolie enveloppante. Le morceau évoque le new age à l'esprit zen au milieu de violons et tambours ethniques.
Da, da, da! Avec Theodor, on navigue entre rêve et parcours initiatique comprenant des instants (un peu longs) de processions quasi religieuses, mais l'effet recherché reste toujours maîtrisé.
Les soviets gravitent dans un pur Eden sans laisser place au hatzar.
Au milieu de la nature dominante, se cache une poupée russe renfermant trip-hop, folk, ambient voire world music interprétés en biodynamie.
Laissez vous portez par cette respiration naturelle et vous en sortirez revitalisés! Spaciba!
Line up de base
Fedor Svoloch - guitares, synthétiseur, samplers, batterie, dulcimer, cloche voix et divers bruits
Yana Veva - Chant, guitare, bawu, ocarina
Kusas - percussions, instruments à vent
Alexey Kalinovskiy - keyboards
Invités selon les titres
Viktor Sankov, Pavel Paukov Basse
Vyacheslav Salikov cello
Ilia Dobrokhotov harpe, jouhikko
Maria Starostina Flute, harpe
Evgeniy Khromov, Alexander Dubovoy piano, synthétiseur

Tracklist