Les siècles imitent l'année,
l'année imite le souffle,
le souffle imite la vie,
la vie imite le mystère.
Cette nuit la plus longue
est le terme d'un inspir
de lune fraîche et féconde.
De son nectar blanc de neige,
elle inonde le corps, le nourrit
de son ambroisie.
Elle s'oppose ainsi au feu solaire,
feu des désirs et des digestions.
Elle s'offre en libation
au soleil de la mort,
à la flamme du temps
qui dévore toute chose.
En se donnant, elle s'anime,
car c'est elle aussi le soleil
qui la boit :
une vie, soleil et lune,
une vibration en deux mouvements.
Ainsi la fin rejoint le commencement.
Le secret n'est ni soleil, ni lune,
ni jour, ni nuit,
mais dans cet entre-deux
de vie dépouillée.
Ni ceci, ni cela,
clame en silence cette journée
d'union des opposés,
ces noces du feu et de l'eau.
A la dernière heure de la nuit,
l'aube pointe, la rousse aurore
aux doigts de feu
annonce les chaleurs à venir.
Le début de la fin de la lune, pleine,
apogée avant la redescente,
est la grande offrande,
jusqu'à la nouvelle lune du solstice d'été.
Mais maintenant, juste avant après,
c'est jamais, c'est toujours.
Instant où le souffle, cheval de l'attention,
vient percuter le cœur
et réveil le désir divin.