La Madonna "Mexicaine"

Publié le 21 décembre 2020 par Hunterjones

     

Née en avril 1971, au Texas, Selena Quintanilla est la plus jeune enfant d'une mère aux racines Cherokee et d'un père mexicain, musicien. Elle sera élevée comme témoin de Jéhovah. Papa note un talent vocal vers les 6 ans de sa fille. Quand il ouvre son premier restaurant Tex-Mex où il fera jouer son band familial. Selena à la voix, son fils, Abraham II à la basse, et sa fille Suzette à la batterie. Mais le resto ne dure qu'un an, la récession du début des années 80 forçant le resto à fermer. 

Papa devient le gérant des trois autres et forme le band Selena Y Los Dinos. Le band adolescent joue sur des coins de rue, dans des mariages, des quinceaneras (fête des 15 ans de jeune fille) et des fêtes foraines. À ses 12 ans, Selena, dont le temps investi dans le groupe, est retirée de l'école. Les enseignants se plaignent de la chose, disant que ce n'était pas sain pour la jeune enfant, visiblement épuisée du train de vie imposé. On juge de partout que pour une si jeune adolescente, son style est de vie est tout à fait inapproprié. Le père les rabroue. Elle suivra des cours par correspondance et on lui achètera elle obtiendra un diplôme d'études secondaires pour ses 17 ans.  


Un vieil autobus est acheté et travaillé pour y accueillir toute la formation familiale. Mais on vit maigres. Le style de musique du groupe est le Tejano. Un style de musique ne se rendant pratiquement jamais à nos radios francophones, ni même anglophones d'Amérique du Nord. Un contrat pour un premier disque est trouvé et un album est lancé en 1984. Selena, anglophone de naissance, voulait chanter en anglais mais papa insiste pour qu'elle chante la musique et les mots de son héritage familial. Elle apprendra à chanter phonétiquement pour le premier album, ne comprenant pas ce qu'elle chante. Le Johnny Cannales Show, leur donne une visibilité et le fera souvent. Comme le genre musical Tejano est presque totalement dominé par les hommes, on refuse très souvent le band, au 2/3 féminin. Mais à la remise des prix dans la musique Tejano,  Selena gagne en 1987 le trophée de la chanteuse de l'année. Elle est si unique qu'elle le sera encore pour les 9 années suivantes. En 1988, la formation a déjà pas moins de 5 albums. 
Croyant avoir découvert la nouvelle Gloria Estefan, les maisons de disques EMI et Sony se concurrencent pour la signer. On choisira EMI parce qu'elle pourra y enregistrer en langue latine et en anglais, les mêmes chansons. Mais pas avant de s'être construite une base de fans en Amérique du Nord. Le 17 octobre 1989, un premier album, chez une maison de disque importante et internationale, est lancé. Son frère devient son principal compositeur et producteur. L'album fait très bien, principalement chez les hispanophones. Elle devient la porte-parole de Coca-Cola au Texas, dans les deux langues, sur une musique (infecte) composée par son frère et le nouveau guitariste de son groupe, Chris Perez. Bien qu'en union avec une autre femme, Perez tombe amoureux de Selena. Ensemble, ils ont une liaison cachée au père. 
En 1990, un second album est lancé et son succès grandit, très majoritairement au Mexique et dans le Sud des États-Unis. Une fan, infirmière, Yolanda Saldivar, lui propose de mettre sur pied un fan club à San Antonio. Idée qui sera bien reçue et acceptée. Saldivar en sera la présidente. Dans les catégories racisées dites "latines" dans les remises de prix musicaux et les palmarès aux États-Unis, Selena et sa musique percolent. La soeur de Selena dénonce à leur père la relation qu'elle a avec Perez. Le père se prononce contre, limoge le guitariste, mais le couple continue de s'aimer et de se fréquenter. Ils se marieront même afin de tenter de resouder cette famille qui se brise. Ça fonctionnera, papa accepte que sa plus jeune se marie avec Perez. Mais pas question qu'il la force à quitter le monde de la musique pour élever des enfants et tenir une maison. 

En 1992, son troisième album, celui qui aura le plus de succès, est lancé. Au Mexique, il sera #1 pendant pas moins de 8 mois consécutifs. Son espagnol n'était pas du tout fluide, ce qui inquiétait pour ses présences publiques au Mexique, mais son charme et sa fraîcheur candide gagne tout le monde. 70 000 fans iront la voir en spectacle, en septembre 1993, à Mexico. Les Mexio-Étatsuniens n'étant généralement pas vraiment aimés au Mexique, Selena change la donne. On la compare à la Madonne. Elle gagne à peu près tous les prix "latinés" aux États-Unis, encore plus, au Mexique, elle apparaît brièvement dans un rôle de fiction dans une telenovela hispanique. Les épisodes où elle y apparaît brise des records de cotes d'écoute, au Mexique. 


En marge de sa musique, Selena investit dans les lignes de linge, les accessoires et la mode. Impressionnés par la manière dont Yolanda Saldivar a géré le fan club jusqu'à maintenant, on lui offre de devenir gérante des boutiques où les nouveauc produits de Selena sont vendus. Entre 1993 et 1994, elle se retrouve parmi les 20 hispaniques les plus riches sur cette période. Un quatrième album est lancé. L'album sera un autre succès latin. EMI accepte enfin de lui préparer un album chanté dans sa langue maternelle, l'anglais. 
Mais son "succès" ne se rend pas tellement à nous. Non hispanophones. En 1994, je travaille dans un cinéma de Montréal et, métier oblige, je vois 156 fois le film Don Juan DeMarco, Elle y joue un petit rôle. Je ne vois jamais le générique du début car je travaille avec le projectionniste et les derniers arrivants et je ne vois jamais le générique de fin car je nettoie et fait évacuer pour les séances suivantes. Mais je suis dans la salle pour tout le reste du film. Jamais je n'aurai compris qu'il s'agissait d'une personnalité vraiment connue. Je le comprendrai trop tard, moins d'un an plus tard.  
Pendant que la machine à argent qu'est devenue Selena progresse, Yolanda Saldivar gère les boutique en dictature. Tout le monde se plaint de ses compétences douteuses. Mais Selena ne veut pas y croire et la défend. On se tourne alors vers son père pour lui dire que la manière de gérer de Sandoval, ses comportements erratiques, polluent l'atmosphère, mais encore on lui accorde le bénéfice du doute. Il faudra qu'on découvre qu'elle détourne quelques 30 000 $ pour finalement la confronter. L'obssesion de Saldivar à propos de Selena devient maladive. On lui demande de prouver que le 30 000 manquant n'est pas vraiment manquant ou bien on implique la police. Selena tient à préserver son amitié avec elle. Ça lui sera fatal.

Le 31 mars 1995, Selena accompagne Yolanda à l'hôpital pour des examens sur un prétendu viol passé contre Saldivar, ce qui lui fait gagner du temps pour ne pas avoir à prouver quoi que ce soit. Dans une chambre d'hôtel où elles se trouvent, Selena lui demande encore des preuves de sa loyauté, pour toute réponse, Saldivar sort un fusil et lui tire une balle dans l'épaule qui, Selena fuyant, donc la recevant dans le dos, lui sort par la poitrine. Selena perd du sang sur 119 mètres et a le temps de dénoncer son assaillante et le numéro de sa chambre. 

Yolanda se sauve, la police l'encercle, elle menace de se tuer ou de tirer partout. Le siège durera 9 heures avant qu'on ne la capture. 

Selena meurt au bout de son sang pendant ce temps. Elle n'avait que 23 ans. 

Une série sur Netflix racontant la courte carrière publique de Selena, avec Christina Serratos, découverte dans Walking Dead, dans la peau de la chanteuse, est actuellement très populaire sur le réseau de films. 


L'actrice incarnant Yolanda Saldivar a exprimé son souci que les gens moins équilibrés ne la confondent avec la vraie assassine. La ressemblance est effectivement assez frappante.

Cette année marque les 25 ans de son départ précoce de notre planète.