C’est l’épaule qui pleure,
l’œil de l’épaule qui pleure.
C’est la main qui pleure,
l’œil de la main qui pleure.
C’est la plante du pied qui pleure,
l’œil du talon qui pleure.
Ô vous, mes amis,
la poésie n’est pas la larme,
c’est les pleurs en soi,
les pleurs d’un œil non inventé,
la larme de l’œil
de celui qui doit être beau,
la larme de celui qui doit être heureux.
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Nichita Stănescu (1933–1983) – Les non-mots (1969) – Les non-mots et autres poèmes (Textuel, 2005) – Traduit du roumain par Jan H. Mysjkin.