Dans la première partie d’un livre intitulé Ateliers d’écriture, Martin Winckler répond à quelques questions : qui a le droit d’écrire ? qu’est-ce qu’une « bonne » histoire ? quelle est la part d’autobiographie dans la fiction ? Et il conclut cette partie avec une histoire drôle, une histoire de cravates, qui tient en trois phrases. Il redistribue les trois phrases dans un ordre différent. Puis il ajoute des détails, des prénoms… Et laisse entendre que son récit ainsi construit peu à peu contient des éléments fictifs et des éléments réels. Peu importe en effet puisque pour toute lectrice, pour tout lecteur « c’est toujours de la fiction puisque ça ne lui est pas arrivée à elle », à lui.
Le paragraphe suivant, venant après les quelques pages résumées ci-dessus, mérite d’être cité in extenso :
« Je précise par ailleurs que pour écrire tout ce qui précède, j’ai simplement commencé par l’anecdote des deux cravates, et construit le reste au fur et à mesure, de manière intuitive. Je n’avais pas prévu ce que j’allais écrire. Je voulais juste montrer qu’on peut construire à partir de très peu de chose, simplement en puisant dans ses souvenirs, et je me suis laissé aller au fil de l’écriture. »