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Il y a parfois un vertige des cieuxqui nous attrape par les pieds.Il y des vacuités douloureusesqui appellent des torrents de plénitude.Quand les plantes des pieds frémissent,la grâce attend au bout des doigts.Le regard s'allumequand les yeux s'éteignent.Les nuits préparent les jours.L'absurde prélude à la grâce,le désespoir fait le litd'un sens plus solide.Je ne bouge plus afin de me laisser allerd'un mouvement plus juste.Ma bouche cesse de goûterpour s'ouvrir à des saveurs plus riches.Mon oreille se fait sourdeà l'écoute de vibrations plus vraies.Mon âme se fait vide- tous les printemps passent par leur hiver.Si je perd tout,je gagne tout,ainsi se marient la première et la seconde loi.Les hauts et les bassont le chemin ardu,mais il n'y en a pas d'autres.Si j'y mets les mains,je gâche tout et me retrouve avec rien.Ce travail infini,seul l'infini peut le bien finir.La raison précise de toute peine intérieuresont l'acharnement, l'inquiétudeet l'empressement.Je n'ai qu'à me laisser faire.Le mystère ne demande qu'une douce coopération,œuvre d'oisillon tout de plumeet sans force.Mes mains s'ouvrent...je laisse un rien pour un tout.Que sont ces petits consentementsau prix de ce qui n'a pas de prix ?Tout ce qui est construitest détruit.Toute rencontreest une séparation.Gagner, c'est perdre.Chaque instant présent est gagné par la mort.Tout ce que je fais se défait.Il n'y a donc qu'à laisser aller tout à son rien,rendre ce qui n'a jamais été mien,ces faux-semblants qui me privent du vrai bien.Aller droitement vers le grand large,gonflé d'un vent sans enflure,car je n'y souffle mot.Que mon navire sombre,et ce sera joie sans fin ni terme.Ceci ou cela, je laisse toutà celle qui est tout.En me laissant, je trouve tout.Et, donnant de faux biens,je gagne une richesseque nul ne pourra me voler,ni méchant ni moi.Je n'ai que faire de savoirsi ce sont là paroles sincères ou non.Il est assuré qu'elles ne le sont pas,car mon bois est trop tordu.Mais je suis certainque le mystère saitet se charge se corriger tout ce qui doit l'être.Si je m'accroche, si je ment,je sais bien que quelque détailme le rappellera sans tarder, sans faillir,sans faillir.Je me laisse. Me laisse prendre,tourner et retourner en tous sens.Mes soucis ne sont plus les miens.Je suis l'eau dans l'eau,l'air dans l'air,rien dans rien.Plus d'effort pour se séparer,pour s'approprier.Laisser les étoiles briller, les nuages gronder.Dans cette défaite demeurent toutes les victoires.