Aujourd'hui, ce n'est guère qu'un épiphénomène, entre expérimentations locales et déploiements confidentiels, représentant à peine 100 millions de dollars de transactions annuelles. Demain, selon le cabinet Gartner, le paiement intégré à l'automobile deviendra incontournable et ces volumes devraient être multipliés par 10 dès 2023.
À l'ère émergente de la voiture connectée, le principe d'un porte-monnaie virtuel attaché au véhicule apparaît rapidement comme une évidence, aux côtés, et souvent en complément, des fonctions de navigation et de divertissement. De nombreux acteurs se ruent sur l'opportunité et, depuis quelques années, les constructeurs et les entreprises de la finance développement des démonstrateurs… tandis que les géants du web profitent de l'implantation de leurs plates-formes technologiques pour se faire une place.
Initialement consacrées au règlement des dépenses directement dépendantes du véhicule (carburant, parking, péage…), les solutions ajouteront progressivement une myriade de services supplémentaires, en collaboration avec des fournisseurs désireux d'étendre leur présence. Il sera ainsi bientôt possible de commander et payer cafés, repas, places de spectacle… sans quitter son siège, avant de se laisser guider à destination pour prendre livraison ou bénéficier de l'expérience souhaitée.
Cependant, le milliard de dollars d'échanges initiés depuis une automobile que prédit Gartner pour 2023 ne constituera qu'une modeste entrée en matière, et pas uniquement par son montant, une goutte d'eau à l'échelle du marché mondial. En effet, la plupart des applications disponibles ou en cours de mise au point aujourd'hui se contentent de définir une interface dédiée, généralement installée sur le tableau de bord, au-dessus de l'instrument de paiement, classique (la carte), du propriétaire de la voiture.
À terme, le modèle devra évoluer afin de s'adapter, de manière aussi transparente que possible, aux pratiques existantes – telles que le partage des frais entre les occupants de l'habitacle (comme dans la vidéo de Visa ci-dessous) et, plus largement, l'acceptation de la nature collective des usages – et futures – avec l'avènement inéluctable de l'économie de partage et la disparition, au moins partielle, de la logique de possession. La véritable cible sera donc un compte bancaire attribué à l'objet automobile.
Or si les institutions financières traditionnelles parviennent plus ou moins à se positionner sur la génération courante, avec laquelle, quoi qu'elles fassent, leurs cartes restent le support sous-jacent omniprésent, elles devraient prendre garde à cette mutation qui se dessine. Car elle imposera une remise en question profonde de leurs habitudes – assortie en outre de nombreuses incertitudes réglementaires –, toujours difficile à appréhender et encore plus à exécuter. Comme toujours, de nouveaux entrants sauront probablement mieux l'aborder, peut-être en s'affranchissant de leur carcan historique…