Si on se rappellera longtemps de nos apéros visio entre amis, pas sûr que Connectés nous laisse un souvenir indélébile.
Inspiré du confinement, Connectés partait d'une idée originale de produire un film intégralement tourné en plans fixes pour donner l'impression au spectateur d'être lui aussi invité à cet apéritif à distance. Chaque protagoniste est ainsi filmé comme s'il était devant son écran d'ordinateur. Au montage, il n'y a plus qu'à proposer une vue simultanée ou solo des différents écrans. Le réalisateur et scénariste, Romuald Boulanger, propose ainsi une expérience autant inédite qu'actuelle.
Malheureusement ce qui fait la force de ce concept novateur est aussi sa plus grande faiblesse. A l'image des conversations téléphoniques dans les films, on sent bien que les acteurs ont tourné leurs scènes individuellement. En résulte un manque de naturel flagrant où chaque comédien.ne débite son texte en mode pilote automatique sans le faire vivre à travers son personnage. Pire encore, complètement à la ramasse, Claudia Tagbo semble découvrir le script pour la première fois et on ne serait pas étonné de voir dans le making-of un prompteur au-dessus de la caméra, tellement sa prestation fait lue. Au milieu de cette débâcle, seul Stéphane De Groodt parait avoir pris les répétitions au sérieux et fourni une prestation convenable.
Bien choisir ses ami.e.s
Il faut reconnaitre que les acteurs.trices ne sont pas aidés par des dialogues complètement artificiels. Comme si Romuald Boulanger s'était amusé à ne placer que des tournures que personne n'utilise à l'oral. Le rendu global est donc tout sauf réussi et l'histoire, tirée par les cheveux, n'arrange rien à la crédibilité de ce pseudo-thriller.
Parce que Connectés est bel et bien une comédie. Ou plutôt le délire d'une soirée entre potes qui dérape à cause de bisbilles. Une fois qu'on comprend qu'on ne regarde pas le long-métrage de l'année, on se prend au jeu et s'amuse de ces crêpages de chignons en direct. Car après tout, nous ne sommes pas réellement des invités de ce 'coronapéro', nous sommes des simples voyeurs qui profitent du spectacle. Nous arrivons donc, sans trop nous ennuyer, au bout des 1h27 de film pour un dénouement assez surprenant (même si on avait deviné rapidement qui était le mystérieux agresseur).