Camille Loreille : "Réaliser ses rêves c’est possible !"
Publié le 19 décembre 2020 par Podcastjournal
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- Et peu importe l’âge, tout est possible! Tel est le mantra de Camille, coach en tissus, cerceau aérien et contorsions à Paris. Alors qu’elle découvre la pratique il y a quelques année seulement, Camille a prouvé que le travail, la persévérance, la passion et la motivation sont les qualités clés pour réussir dans n’importe quel domaine de la vie et surtout à n’importe quel moment.
- Et, le partage. Le partage de son savoir, mais aussi de sa passion qu’elle transmet avec générosité et bonne humeur à chacun de ses élèves. Car, depuis quelques années, on voit de plus en plus de débutants s’initier à cette pratique. En effet, nouvelle activité hype et tendance, le tissu aérien est une discipline qui vient du cirque: c’est à la fois une activité artistique et sportive. Ses origines remonteraient à l’époque des grandes navigations, lorsque les bateaux arrivaient chargés de marchandises. Il fallait alors attirer les badauds. Les cracheurs de feu provoquaient les premiers attroupements pendant que les marins grimpaient aux cordes et s’amusaient dans les drisses.
- Dans les trésors de la Bibliothèque nationale de France, des iconographies chinoises montrent des acrobates dans des tissus. Les premières expressions circassiennes remonteraient aux années 40 ou 50, par le geste déterminant des Chinois qui auraient transformé la corde en étoffe.
- En France, c'est au Centre national des arts du cirque (CNAC) de Châlons-en-Champagne que le tissu aérien est apparu sous sa forme actuelle au début des années 1990. Cette technique provient directement de la technique de la corde lisse sans staff, appelée de manière simplifiée corde. Durant les premières années de cette école de cirque, un petit groupe d'élèves dont Valérie Dubourg, Katja Galliou et Fred Deb' (Frédérique Débitte) découvre - redécouvre la corde lisse (d'une technique traditionnelle : la corde lisse avec staff, elles développent une technique originale n'utilisant plus que la corde, longue verticale suspendue, sur laquelle elles créent des manières originales de s'enrouler, de se nouer, de chuter et de se suspendre). Elles sont accompagnées dans leurs recherches par un professeur, Samuel Jornot. Puis, par la suite, Gérard Fasoli, lui même professeur au CNAC à cette période, propose à de nouveaux étudiants de décliner la technique de la corde sur des tissus, il introduit ainsi le tissu aérien en 1996.
- Souvent accompagnée de musique, c’est une discipline aérienne au même titre que le trapèze, le cerceau ou la pole dance. Le support est composé d’un drap en deux parties, légèrement élastique, suspendu à une structure métallique posée au sol ou directement accroché au plafond. Il peut être de différentes matières, mais le lycra est souvent considéré comme la plus confortable. La hauteur du tissu varie entre 4 et 10 mètres en fonction de la hauteur de la structure qui le supporte. Elle peut atteindre jusqu’à 15 mètres pour les plus hautes. Les acrobates aux tissus comme Camille s’agrippent, s’élèvent à la force des bras, réalisent des figures à plusieurs mètres du sol et laissent deviner les formes de leurs visages et de leurs corps derrière le tissu étiré d’un agrès devenu cocon. Les enroulés, montées, suspensions en drapeaux ou croix de fer sont autant d’instants qui précèdent les véritables expériences aériennes aux tissus, celles des chutes, de la confrontation au vertige et au vide.
- Interview.
- - Racontez-nous votre parcours, qu'est-ce qui vous à donné l'envie de travailler dans ce milieu?
- J'ai un parcours un peu curieux. J'ai étudié la mode. Pendant mes études j'ai réalisé que je préférais le costume de spectacle.
- Lors de ma dernière année, une copine m'a entraînée dans un cours de pole dance. L'aspect sexy et "je me mate dans le miroir" (très très présent au début de cette nouvelle activité à la mode) me dérangeait un peu. Je me suis donc inscrite à des cours de tissu aérien. Et ça a été le coup de foudre. Coup de foudre difficile pour le moral car je n'avais jamais fait de sport de ce genre-là. J'étais plutôt sport collectif ou nageuse. Et autant dire qu'avec les études supérieures, j'ai pris du poids et arrêté le sport...le début fut assez difficile (aucune force dans le bras, aucun abdos, 13kg de plus qu'aujourd'hui...). La passion m'a embarquée. Un an plus tard, en février 2016, je suis partie avec un visa PVT au Québec.
- Et là je me suis dit "tu es à Montréal, la ville du cirque, c'est ici que tu dois faire quelque chose". J'ai donc postulé pour la formation de formateur en art du cirque de l'École nationale de cirque de Montréal. C'était parti pour un an et demi de formation intense pour l'enseignement des arts du cirque, incluant entre autres le gréage, la nutrition, la prévention de blessure ou encore la biomécanique et bien sûr ma discipline de prédilection... Trouver du temps d'entraînement fut difficile et super frustrant. En août 2018, je suis rentrée en France et là enfin j'ai pu me consacrer à l'enseignement mais aussi beaucoup à mon entraînement perso! Quelle joie!
- Certains pensent qu'il y a un lien entre ma passion pour les costumes et le cirque. En réalité, c'est un hasard, mais peut-être que l'aspect créatif est ce qui me plaît dans ces deux métiers.
- J'ai décidé d'en faire ma vie parallèlement au costume quand je suis partie au Québec. J’ai pas mal gardé ce désir enfoui en moi avant de partir car mes parents étaient un peu réfractaires à l'idée que je reprenne encore des études avant même d'avoir vraiment fait ma place dans le costume (ce que je comprends, inquiétude légitime de parents aimants). Je me suis inscrite sans en parler à personne. Je leur ai seulement dit quand j'ai reçu la lettre d'acceptation.
- - Qu'est ce qui vous plaît le plus dans votre métier?
- J'ai deux activités dans mon métier qui m'apportent deux choses différentes.
- Enseigner me permet de transmettre ma passion, que ce soit à des enfants ou à des adultes.
- Avec les enfants, je me retrouve un peu, car une partie de moi- même est restée ainsi et je souhaite rester enfant. Je contribue à leur épanouissement mental et physique et eux me ramènent à la tolérance, la naïveté et donc à la légèreté de la vie. Cela contribue à mon bien-être car bon... la vie d'adulte c'est pas toujours rose.
- Avec les adultes c'est un peu différent. J'ai le plaisir à leur transmettre bien évidemment mais je m'identifie à eux car j'ai été à leur place, dans la galère de me soulever dans ce tissu qui me saucissonne le pied... Quand il y a du succès chez l'un d'eux, ma joie est réelle et je suis super fière d'eux car je sais ce que ça demande, au-delà de la vingtaine, de commencer ce genre d'activité.
- Enfin, il y a l'aspect plus créatif de l'artiste. J'adore créer, me dépasser physiquement, suivre des cours avec des artistes fantastiques, travailler avec des amis, qui vont m'encourager, me rassurer... J'aime la communauté du cirque pour le partage et la bienveillance générale. Il ne faut pas se mentir, tout n'est pas facile. il y a des entraînements où rien ne marche, des jours où l'on remet en question ses capacités. Un remerciement spécial à mes copains d'entraînement de cirque et percussions qui sont génialissimes et m'encouragent depuis deux ans. Sans eux il n'y aurait pas eu tant de progrès dans mon travail.
- - Pouvez-vous décrire les disciplines que vous pratiquez ?
- Le tissu aérien est mon premier amour. Depuis deux ans, je pratique les sangles aériennes. Je suis loin d'être en mesure de performer avec cet agrès car c'est vraiment physiquement difficile mais je persévère.
- Depuis la fin du premier confinement, je travaille mes équilibres sur les mains avec Elena Taraimovitch. Les gymnases étant tous fermés, il était impossible de s'accrocher. Alors, je me suis laissée tenter et maintenant c'est obligatoire chaque semaine.
- Je travaille ma flexibilité car elle est essentielle dans ces disciplines.
- Enfin je jongle un peu, plus pour le plaisir et l'état méditatif dans lequel cela me met. C'est très occasionnel mais j'y prends du plaisir surtout depuis que j'ai compris comment jongler avec des massues)
- - Comment votre expérience au Canada a-t-elle changé votre manière d'approcher le monde du cirque?
- Le Québec a été un gros tournant dans ma vie. Je suis rentrée en France par choix car je ne me voyais pas évoluer et établir ma vie en Amérique du Nord pour plusieurs raisons diverses et variées. Mais une chose est sûre, si c’était à refaire je le referai sans hésiter.
- Autant le dire, j'ai lancé ma carrière en costume là-bas, et j'ai commencé et lancé ma carrière au cirque là-bas également. Contrairement à l'Europe et peut-être plus particulièrement à la France, il y a de la place pour tous, la compétition est moindre ou peut-être plus fairplay. Et surtout, on te laisse ta chance. " j'aime ton énergie, on tente, si dans deux semaines ça ne marche pas, on repart chacun de son côté" dixit la directrice des costumes de l’Opéra de Montréal. J'ai été très surprise par ce contraste avec la France.
- J'avais très peu d'expérience en ce qui concerne le cirque mais j'ai eu la chance d'accéder à une formation dans une des écoles de cirque les plus prestigieuses.
- Les gens m'ont beaucoup encouragée notamment lors de ma première performance. "Il faut que tu te lances, si ça se passe bien alors cool, si non tu reprends le travail et tu recommences plus tard" sont les paroles d’Annick Taillon, qui me coachait en flexibilité, et qui m'a toujours présentée comme artiste de cirque à des inconnus, alors que je me considérais encore bien loin de mériter ce titre d'artiste.
- Le Québec a joué un rôle primordial dans ma confiance en moi.
- - Comment décririez-vous le cirque canadien et son approche technique ou de travail, en comparaison avec le cirque français?
- Le cirque québécois est très différent car c'est du cirque "moderne", autrement dit sans animaux. En Europe, les associations de protection animale sont en lutte constante pour faire interdire les animaux dans les cirques. Certains acceptent d'évoluer dans ce sens et d'autres non.
- Autre différence, le cirque est très présent dans la vie de chacun à Montréal (même non circassien). Il y a le festival Montréal complètement cirque chaque été, avec des spectacles du monde entier et des spectacles de rue gratuits accessibles à tous. Il y a aussi l'énorme cirque du Soleil, qui comprend de nombreux corps de métiers (techniciens, acrobates, danseurs, chanteurs, costumiers, décorateurs, ingénieurs....).
- Et il y a aussi une ouverture d'esprit dans la performance. N'importe qui peut performer, créer son spectacle. Ce n'est pas réservé uniquement aux compagnies professionnelles. Beaucoup d'amateurs se lancent dans la création d'un spectacle, louent une salle et prennent plaisir à montrer leurs danses, disciplines de cirque, pièces de théâtre... En France, le système est encore très élitiste. Cela change petit à petit, mais on est encore loin de cette accessibilité.
- - Quelle compagnie ou quel artiste vous à inspirée pur continuer dans cette voie ?
- Les compagnies qui m'inspirent beaucoup n'ont malheureusement pas beaucoup d'aériens car peu de théâtres peuvent les accrocher. Mais j'aime le cirque contemporain, avec des costumes simples, des décors minimalistes ou des mises en scène modernes qui mélangent cirque et théâtre.
- Je ne suis pas une inconditionnelle du cirque du Soleil. Les spectacles sont beaux, énormes, clinquants et impressionnants dans leur globalité. Mais je ne suis pas touchée au plus profond par cette esthétique. J'aime beaucoup la compagnie XY par exemple. Pour les artistes aspirants, c'est une question compliquée. Je dirais qu'à mes débuts c'était Jenyne Butterfly par son contrôle et sa douceur. Mais à l'école du cirque, j'ai côtoyé et ai été inspirée tous les jours par des étudiants du programme artistique. Par exemple, Brittany Gee-Moore. Il y a aussi Camille Judic que j'aime beaucoup. Je vous laisse les découvrir.
Parisienne | Patineuse sur glace professionnelle et aerialiste en cerceau aerien | Web Journaliste...
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