Tous les matins devant ton miroir, les yeux encore tout collés de sommeil et les traits tellement bouffis que tu ressembles à Courteney Love au meilleur de sa forme, tu ne manques pas de t’infliger un
“putain, qu’est ce que j’ai une sale gueule quand même…”
Sauf moi, mon opalescente luminescence irradie la pièce et j’avouerai en rougissant que c’est du pur bonheur.
Mais chut, je suis timide, c’est super gênant tous ces regards envieux!
C’est bien triste pour toi, je te dirais, mais sache une chose: ça pourrait être pire.
J’ai moi-même du mal à le croire, en vous voyant tous, mais ma grand-mère me dit tout le temps “qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse“, alors soit. Aujourd’hui les faciès nécrosés, vous serez tous semblables à une bouteille de Martini Rouge, donc BEAUX.
(là tu peux faire une croix dans ton agenda SHOPI designé par Biche de Bère à l’occasion des journées discount make-up: “un jour, j’aurai été beau”).
AMEN
Bon, mais ça aurait pu être pire, disais-je.
Bien pire.
Bien bien pire.
Tu aurais pu décider de t’enlaidir tout seul.
Et de devenir le sosie de Davy Crockett.
Ah si, ne me donnez pas du noeuil écarquillé que vous ressemblez tous à une armada de caméléons en plein trip à l’acide coupé cristal meth; vous auriez pu vous levez un matin d’adolescence ingrate et décider que la queue de ragondin plaquée sur la nuque était un must-have, un it-détail, une valeur sûre, bref, que Davy Crockett était une muse.
Vous auriez pu être elle:
Avouez que devant le miroir, le matin, entre deux jets d’urine sirupeuse, la surprise aurait pu être autrement plus douloureuse…
(Vous ne vous en sortez pas trop mal, mes couillons)