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Décryptage: Dans les méandres de l’écosystème politique camerounais

Publié le 15 décembre 2020 par Tonton @supprimez

Incursion dans un environnement qui défie toutes les lois de la nature. Un biotope où l’opposition camerounaise noyée dans des confusions multiformes, reste incapable de s’entendre sur le moindre sujet.

Désarçonnant, glissant et déroutant est le sinueux chemin, l’entreprise qui conduit vers ce monde atypique qui se nourrit de ses propres revers et contradictions. Il flotte ici une conviction de « mieux ça pourrit, mieux cela est », par peur de voir des esprits éclairés et distingués faire mains basses sur la cocotte-minute qui à défaut de sauter depuis des lustres crame maintenant sous le feu nourri des antagonismes insolubles, incompréhensibles, fugaces et disparaissant. Ici « tout le monde est coupable et tout le monde est innocent à la fois », une maxime digne de jeter le pape dans les cordes, repenti de ses vœux de sainteté. Ainsi va la vie politique au Cameroun où à chaque instant, sur une symphonie orchestrée par une intelligence, les acteurs les plus avancés dans les hautes sphères du pouvoir tombent ou sont cueillis comme des fruits mûrs, pour être gardés à la case de repos, la prison centrale. Une destination évidente, lorsqu’on s’engage en politique, est la prison! Ces hommes-liges y sont généralement expédiés pour méditer sur leur triste sort décrété par une série de détournements ou de vol des deniers publics.

Les hommes politiques ici sont abonnés au registre des rapports difficiles avec l’argent de l’État. Ils y sont silencieux pour la plupart, berçant l’improbable rêve que leur créateur se remémore un jour de leur état de services et les rappelle à la grâce présidentielle. Mais, ces emprisonnements voulus quasiment pédagogiques, se retournent contre l’objectif visé en présentant des prisonniers de luxe menant une vie princière. Au bout de la course, la maison d’arrêt ne fait plus peur aux éventuels prévaricateurs. La boucle est bouclée, et le scénario se joue à fond la caisse. Dans ce concerto maléfique, il n’y a que très peu de langues qui se délient pour ramer à contre-courant! Bien au contraire, cette symphonie d’un autre genre peut même souvent leur conférer des auréoles. A la périphérie, une certaine presse dédiée aux aboiements, fragilisée à souhait, sonne un cor confus pour avertir une opinion emportée par les rebondissements la scène, plongée dans un somnambulisme qui frisele coma. La folle guerre de l’opposition Au niveau des organisations qui animent la vie politique, l’incompréhension est à son comble. Le Cameroun de ce fait ressemble à un véhicule qui roule sur la gente.

Les partis politiques, pour commencer par les organisations majeures, sont telles des satellites ou des planètes qui gravitent autour de l’astre solaire qu’est le Rassemblement démocratique du peuple camerounais, créé en 1985 sur les cendres de l’ex parti Etat, l’Union nationale camerounaise (Unc). Sa particularité est qu’elle semble fabriquer lui-même ses partis d’opposition dont il met en branle en temps et en heure voulus. Ces familles politiques qui vivent de la table du palais, sont en réalité des sortes de « chiens de garde » postés aux avant-gardes telles des sentinelles, veillant sournoisement aux intérêts de la maison. Ils distillent à longueur de journée des balbutiements, des mots grandiloquents pour semer la zizanie au sein d’une opposition dont toutes les initiatives sont savamment estampillées anathèmes. De ces faits, la vraie bataille politique a lieu entre les partis politiques en quête d’une alternance, de la prise du pouvoir et ces partis sentinelles. En fin de course, le parti au pouvoir se la coule douce, le combat sous-traité. C’est là aussi une originalité du génie politique camerounais, qui pourrait perdre toute une école de doctes en matière politique.

La dernière élection présidentielle nous a livré sur un plateau en or cette réalité macabre. C’est entre les partis de l’opposition camerounaise que toutes les confusions ont enfumé le pays, incapables de s’entendre sur la moindre chose. En ces temps, un article de presse révélateur « les fleurs du mal de l’opposition camerounaise », résume à suffisance cet état de chose. En définitive, le Cameroun politique de Paul Biya est une curiosité planétaire pour tous les chantres de l’afro-pessimisme, ceux-là qui pensent qu’une démocratie authentique et véritable n’est pas possible en Afrique, « un luxe pour l’Afrique » pour reprendre l’expression chère à Jacques Chirac. Cette curiosité-là, le numéro un camerounais l’entretient, en semant dans le biotope politique de son pays, des semences étrangères aux grands gendarmes du monde. Ceci peut, peu ou prou, à l’heure de la récolte des fruits, être un motif de déception ou de satisfaction en fonction de la posture politique des uns et des autres. En cela, le Cameroun est une exception qui son chemin.

Léopold DASSI NDJIDJOU


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