comme les Mousques disent.
Impression du temps chiffré
Enseigne lumineuse, baladeuse
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"Il m'apparut que l'humanité se montrait trop étroite, trop sérieuse, trop grave ; qu'il fallait, dans l'existence que je décidai de commencer sur-le-champ et qui serait la mienne si je me donnais le droit, le courage et la liberté de la vivre, ne jamais subir les règles des autres. Tout effort ne devrait être qu'un travail sur ce qui nous semble d'abord simple et naturel. Plus jamais on ne me forcerait à trafiquer ma nature, à la faire ployer, jusqu'à s'humilier, pour qu'elle se configure selon le goût, la morale ou l'intérêt d'autrui.
C'est en moi-même que je voulais faire carrière ; devenir quelqu'un qui ne fût que moi. Ou plus exactement devenir un moi qui ne pût être quelqu'un d'autre. Nul, jamais, ne pourrait plus m'infliger ce que je refusais de tout mon être. Quiconque m'éloignerait de mes penchants, de mes impulsions intimes, de ma personnalité profonde, représenterait désormais un ennemi que je n'aurais aucun scrupule à éliminer. Ma patience était dépassée ; je naissais avec vingt ans de retard. Je n'avais plus une seconde à perdre. En même temps, je me persuadai que j'avais débuté dans la vie en commençant par la mort. Cela avait été un entraînement, me dis-je. Ce n'était pas perdu. C'était un investissement. Rien n'était plus faux : ce qui est cassé ne se répare pas ; ce qui est brisé se brise chaque jour davantage."Yann Moix extraits de: "Orléans" Editions "J'ai lu/Grasset