Ce nouveau pansement intelligent promet aux soignants de pouvoir suivre la réponse immunitaire et l’évolution de la cicatrisation. Développé par une équipe de bioingénieurs du Skolkovo Institute of Science and Technology (Skoltech, Russie), ce nouveau dispositif, présenté dans la revue ACS Sensors va permettre au cours du suivi des plaies chroniques, de savoir si la plaie nécessite plus qu'une simple évaluation visuelle comme des procédures invasives et coûteuses dont un prélèvement, une biopsie ou la détection d’éventuels agents pathogènes.
Avec leurs collègues de l'Université du Texas à Austin, ces scientifiques apportent une première preuve de concept de leur capteur portable et de sa capacité à suivre le processus de cicatrisation des plaies, en particulier des ulcères et autres plaies chroniques. De plus, ils montre que le dispositif intelligent permet d'alléger la fréquence des changements de pansement.
Eviter les retraits trop fréquents
Les plaies chroniques telles que les ulcères du pied diabétique ou les escarres représentent un fardeau pour les patients car ces plaies réduisent considérablement la qualité de vie. Ces plaies représentent aussi un fardeau pour nos systèmes de santé, en raison de leur prévalence croissante et des dépenses de santé associées. Ces plaies sont également complexes à gérer par les soignants. Pour évaluer la plaie et surveiller le processus de cicatrisation, opter pour le bon dispositif et le bon traitement, les médecins et les infirmières doivent procéder à des retraits fréquents de pansement, ce qui peut freiner la réépithélialisation, endommager le tissu cutané des berges de la plaie, entraîner des douleurs pour le patient voire le contraindre à se rendre à l'hôpital. Parfois même des examens plus invasifs sont requis.
Les pansements intelligents répondent ainsi à un besoin croissant, pouvoir suivre de manière « scientifique » les biomarqueurs de cicatrisation. Ici, l'équipe, dirigée par le Pr Keith Stevenson, explore les méthodes électroanalytiques qui, grâce à leur relative simplicité, leur sensibilité, leur stabilité et autres caractéristiques intéressantes, peuvent contribuer à ces applications cliniques intelligentes.
Un capteur électroanalytique « de plaie » : les chercheurs ont construit un premier prototype d'un capteur électroanalytique « de plaie » basé sur des réseaux de microélectrodes de carbone (ACU) posées sur des substrats flexibles. Lors de précédentes expériences, ce type de capteur avait été placé sur des substrats de quartz, mais ici, pour en assurer la flexibilité, les chercheurs l’ont placé sur un substrat en polyéthylène téréphtalate (PET). Le capteur a été développé pour détecter 3 biomarqueurs clés de plaie :
- la pyocyanine, une substance produit par Pseudomonas aeruginosa, une bactérie qui colonise fréquemment les plaies chroniques ;
- l’oxyde nitrique (NO) sécrété en réponse aux infections bactériennes par des cellules du système immunitaire ;
- l'acide urique, un métabolite fortement corrélé à la sévérité de la plaie.
Tous ces composés sont électroactifs, c'est-à-dire qu'ils répondent à une activité électrique et peuvent ainsi être détectés par un capteur électroanalytique.
L'équipe qui a simulé l’environnement d'une plaie pour tester la sensibilité de son capteur, montre l’étendue des plages dynamiques du capteur mais aussi ses limites de détection- qui fort heureusement se trouvent au-delà des concentrations biologiquement pertinentes. Le dispositif s’avère ainsi un candidat prometteur pour la surveillance de la cicatrisation des plaies, dans un cadre clinique.
Prochaine étape, des études in vivo et de surveillance en temps réel de l'efficacité du dispositif dans le traitement des plaies de patients humains suivis en milieu clinique.
Source: ACS Sensors 5 Nov, 2020 DOI : 10.1021/acssensors.0c01697 Electrochemical Detection of Multianalyte Biomarkers in Wound Healing Efficacy
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Équipe de rédaction SantélogDéc 14, 2020Rédaction Santé log