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Darfour : quel bilan pour la première conférence ministérielle ?
La tenue de la conférence internationale sur le Darfour du 25 juin dernier à Paris, dont l’initiative revient au président Sarkozy (qui l’avait
annoncée en marge du sommet du G8), est, à n’en point douter, une belle initiative pour tenter de parvenir au règlement du conflit meurtrier du Darfour.
Cette conférence, qui a enregistré la participation de seize pays dont des grandes puissances et cinq organisations internationales dont l’ONU et l’Union européenne, a été marquée par l’absence
totale des Africains, notamment l’Union africaine et bien sûr le Soudan.
Si le Soudan a refusé d’y participer au motif que cette conférence est inopportune, en revanche, l’Union africaine (l’organisation panafricaine qui regroupe tous les pays africains sauf le
Maroc), pour n’avoir pas été consultée avant l’annonce de la réunion, n’ a pas souhaité y participer.
Pourquoi Sarkozy a jugé bon de ne pas associer la principale organisation panafricaine à une telle initiative qui concerne en premier chef les Africains. On peut comprendre que l’Union
africaine qualifiée à raison de « syndicat de chefs d’Etat dictateurs » ne soit pas en mesure de jouer un rôle positif d’acteur des relations internationales. Mais pour autant,
fallait-il la marginaliser à ce point ? Il y a là un déficit de concertation du gouvernement français à moins que, comme l’a affirmé un quotidien ivoirien, Notre voie :
« Sarkozy, qui aspire à se positionner très rapidement sur l’échiquier international, applique la vieille méthode gaulliste qui consiste à décider à la place des Africains dans tous
les problèmes qui engagent l’Afrique ou une partie du continent. »
Hormis l’affirmation d’une volonté commune d’agir pour régler ledit conflit et l’annonce par la France d’une promesse de contribution à hauteur de dix millions d’euros pour remédier aux
difficultés matérielles de la force africaine de paix de 7 000 personnes, déployée sur le terrain (une force sous-équipée et sous-financée), la première conférence internationale n’a pas
enregistré une avancée significative.
La Chine, qui est le soutien principal du gouvernement soudanais (importateur de 65 % du pétrole soudanais et fournisseur d’armes au gouvernement), présente à la conférence, n’a pas consenti à
faire pression sur le Soudan. Serait-elle prête à voter des sanctions contre le Soudan sans opposer son veto au Conseil de sécurité au cas où ce pays entrave le déploiement de la force
hybride ? Son envoyé spécial au Darfour, Liu Guijin, n’a t-il pas affirmé qu’il serait "contre-productif" de "menacer et faire pression sur le gouvernement du Soudan pour un
oui ou pour un non".
Quid de la force hybride dont le coût est estimé à un milliard de dollars pour la première année par le secrétaire général dans un addendum à son dernier rapport sur le Soudan
(S/2005/57) ?
Quid de sa composition ? Sera -t-elle exclusivement africaine comme l’exige le Soudan avec le risque d’immobilisme et de corruption ?
Vivement la deuxième conférence sur le Darfour qui devra se tenir en septembre prochain en marge de l’Assemblée générale des Nations unies pour répondre à toutes ces questions.
Cependant, il faut continuer la mobilisation à tous les niveaux et partout car l’avenir de Darfour n’est pas si éclairci que ça après cette première conférence
Komi TSAKADI - http://www.agoravox.fr
TSAKADI (Palaiseau)
D’origine africaine, je vis en France. Je me suis inscrit sur agoravox.com pour partager ma vision de
l’Afrique et mes idées sur les problèmes qui assaillent ce continent et sa diaspora en France, avec tous ceux qui manifestent un intérêt pour cette partie du monde. Mon objectif est de
contribuer à une "nouvelle Afrique" . "Une nouvelle Afrique est possible "