"Pourquoi tu t'achètes des films? ou des livres?" me fais-je dire souvent. Moins par ma douce, qui me connait depuis trop longtemps et connait aussi ma réponse.
Parce que voir un bon film qui nous plait, lire un bon livre du même impact, c'est faire une très agréable rencontre. Les revisiter, c'est fréquenter un ami.
C'est aussi pour ça que j'aime tant la musique. Parce qu'elle nous accompagne comme un ami le ferait.
Cette semaine, j'ai choisi de (re)faire une liste de lecture sur mon téléphone d'un de mes artistes favoris à vie:
David Bowie.
...Passant de 30 chansons à...100...
Oui, y a de l'excès. Mais je l'aime comme ça. Excessivement. C'est fréquenter un ami. Et déjà, dans ma liste d'avant, de 30, j'avais épuré des titres que j'avais beaucoup trop écouté et qui me paraissaient usés avec le temps. J'avais pas gardé Ziggy Stardust, Changes, Rebel Rebel, Space Oddity, Young Americans, Rock'n Roll Suicide, Heroes. Trop entendues. Surjouées. Après presque 40 ans d'écoute, mes relations avec certaines chansons ont changées.
...Et pourtant, j'en ai encore trouvée une centaine qui en valait toujours la peine. Parce que justement, je veux vaincre l'extrême peine qui veut s'inviter en moi trop souvent depuis quelques temps.
Ma liste de lecture est de 7h40. Et pour rire, moi qui m'installe au bureau à 6h00 et qui en sort maintenant à 15h, je me disais que si je l'écoutais de bout en bout, au boulot, ça couvrirait toute ma journée de travail. Ça avait peu de chances de fonctionner car on doit toujours interagir avec son entourage, mais je me sais aussi capable du côté sauvage qui baigne dans mes veines. Et lundi dernier, les astres se sont alignées pour laisser un bonne part de ma journée entre Bowie, mes ordis et moi. Même que je suis resté surpris quand la liste de lecture s'est terminée avant que je ne termine de travailler.
Comme j'avais arrêté ma liste plusieurs fois, et parfois plus de 10 minutes, ça voulait aussi dire que je travaillais trop ce jour-là. Plus que mes 8h, encore. Mais la journée était dangereusement agréable. En grande partie, grâce à Bowie. Dont je REdécouvrais bien des morceaux que j'avais volontairement (parfois pas) négligé de réécouter depuis un bout de temps.
Sur 100, j'ai réparti ma chose comme suit, avec, entre parenthèses, le nombre de morceaux gardés de chaque album: Space Oddity (5), The Man Who Sold The World (2) (pas la chanson titre non plus), Hunky Dory (3), The Rise & Fall of Ziggy Stardust & The Spiders From Mars (6), Aladin Sane (3), Pin Ups(1), Diamond Dogs (2), Young Americans (3), Station to Station (4), Low (10), Heroes (9), Lodger (4), Scary Monsters (& Super Creeps) (2), Let's Dance (4), Tonight (2), Never Let Me Down (4), Black Tie, White Noise (4), Buddah of Suburbia (1), 1.Outside (7), Earthling (2), Hours...(2), Heathen (6), Reality (2), The Next Day (4), Blackstar (2) et 6 morceaux tirés de trames sonores ou de collaborations en duo.
Après des années de surécoute j'ai réintroduit dans mes écoutes Heroes. En partie parce que la scène finale du superbe film Jojo Rabbit* m'a fait pleuré trois fois dessus. Mais aussi parce mon buddy Goyette, que je fréquente aussi depuis près de 40 ans, se bat en héros contre la fatalité.
J'ai pas gardé Ashes to Ashes. Titre déplacé et de mauvais goût pour les années à venir entre nous. Ni Five Years. Trop pessimiste.
J'ai réintroduit Never Let Me Down.
Évidemment.
Parce qu'on ne laissera pas tomber Goyette.
Nulle part ailleurs que dans son divan. Pour un bon film, un bon match de hockey, une belle soirée entre amis.
On ne cessera pas de sitôt de fréquenter notre bon ami.
*Potentiel divulgâchis, et une quatrième versée de larmes en vous plaçant l'hyperlien.