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Les nitrites et nitrates ajoutés dans notre alimentation présentent un danger pour la santé. Lorsqu'on les ingère, ils peuvent contribuer à la formation de composés cancérogènes dans notre estomac : des nitrosamines. Ces substances sont classées cancérogènes probables pour l'humain (catégorie 2A) par le Centre international de la Recherche contre le Cancer (CIRC), car elles favorisent l'apparition de cancer colorectal, le deuxième cancer le plus mortel après celui des poumons, et de cancer de l'estomac. Les nitrites peuvent également augmenter le risque d'apparition de maladie du sang, en particulier chez les personnes à risque.
En novembre 2019, les associations foodwatch et la Ligue contre le cancer ainsi que l'application Yuka se sont associé "pour exiger une alimentation sans nitrites ajoutés" en lançant une pétition pour l'interdiction des additifs E249 (nitrite de potassium), E 250 (nitrite de sodium), E251 (nitrate de sodium) et E252 (nitrate de potassium) - particulièrement utilisés dans les viandes transformées comme la charcuterie industrielle. Cette pétition citoyenne a réuni plus de 300 000 signatures et a fait grand bruit. Trop de bruit ?
Il y a quelques semaines, l'application Yuka a été mise en demeure par le lobby des charcutiers, la Fédération française des industriels charcutiers traiteurs (FICT) par voie d'avocats en exigeant la suppression de la pétition commune contre les nitrites et la modification du système de notation sur les produits comportant les additifs E249, E250, E251 et E252. Une procédure d'intimidation... qui a eu pour effet de booster le nombre de signatures à la pétition citoyenne, bondissant de 210.000 à près de 320.000 !
N'en déplaisse à certains indusstriels, cette histoire a encore pris aujourd'hui un tournant plus important puisqu'une proposition de loi a été déposée le 10 décembre par les députés Richard Ramos (MODEM), Barbara Bessot-Ballot (LREM) et Michèle Crouzet (LREM) pour " l'interdiction progressive des additifs nitrés dans les produits de charcuterie ". Une demande qui intervient suite à de nombreuses auditions - scientifiques, industriels, experts, société civile - par la mission parlementaire d'information sur les sels nitrités dans l'industrie agroalimentaire.
La proposition de loi prévoit notamment :
- l'interdiction des nitrites et nitrates ajoutés dans la viande transformée : en 2023 pour les charcuteries crues (Bayonne, Parme, etc.) et en 2025 pour les charcuteries cuites (jambon 'blanc' par exemple).
- D'ici là, un étiquetage clair sur la viande transformée contenant des nitrites ou nitrates ajoutés précisant : " Contient des nitrites ou des nitrates ajoutés et qui peuvent favoriser les cancers colorectaux " ainsi que la quantité d'additifs utilisés. Les publicités pour ce type de produit devront elles aussi intégrer un message de santé publique sur le sujet.
- La loi concerne également les additifs nitrés issus de bouillons de légumes riches en nitrites et nitrates. Ainsi les industriels ne pourront pas la contourner via cette méthode alternative qui pose les mêmes problèmes sanitaires que les nitrites et nitrates " classiques ".
"Avec 4.000 cancers évitables par an imputés à l'ajout de nitrites ou nitrates dans l'alimentation, l'Assemblée nationale a pris le parti de la santé en dépit des nombreuses pressions de l'industrie de la charcuterie" se réjouissent aujourd'hui foodwatch, Yuka et la Ligue contre le cancer dans un communiqué commun. Elles appellent maintenant les consommateurss à agir en interpellant sur les réseaux sociaux les marques qui, d'un côté commercialisent déjà des produits "sans nitrites", et reconnaissent donc le problème, et de l'autre sont membres actifs de la FICT, Fédération qui n'a pas hésité à les attaquer sur la pétition anti-nitrites.
"Nous demandons aux dirigeants de ces marques de clarifier publiquement leur position et de cesser de jouer un double jeu. Plusieurs cumulent en effet les casquettes comme Arnaud de Belloy, à la fois PDG de Herta et Vice-Président de la FICT, Antoine d'Espous, PDG de LOSTE et également vice-Président de la FICT, Emmanuel Commault, PDG de la Cooperl et membre du bureau de la FICT, Philippe Duriez, DG d'Aoste, Justin Bridou et Cochonou et également membre du bureau de la FICT ou encore Pierre Hébert, DG de Bordeau-Chesnel et lui aussi membre du bureau de la FICT. On a besoin de transparence", explique Karine Jacquemart, directrice de foodwatch.
foodwatch a d'ailleurs envoyé le 10 décembre une dizaine de lettres publiques à ces dirigeants pour leur demander quelle est leur position sur les nitrites ajoutés et s'ils ont soutenu la décision de la FICT de mettre en demeure Yuka, plutôt que d'accompagner les membres de la Fédération vers une sortie généralisée de ces additifs.
Ce club de puissants charcutiers cherchera-t-il encore longtemps à s'opposer à la pression des citoyens et à la proposition de loi ? Pour enfin protéger la santé de tous, il faudra surtout compter sur le courage politique des parlementaires, mais aussi des Ministres de l'agriculture et de la santé, malgré l'opposition d'industriels aux intérêts divergents.
ME