Injustice: La petite Princesse Bilong perd ses doigts dans un moulin à écraser

Publié le 10 décembre 2020 par Tonton @supprimez

Le dossier de la petite Julie Princesse Bilong qui a perdue ses doigts dans un moulin à écraser reste introuvable. Entre temps, son père subit les menaces de ses oppresseurs.

Joseph Odilon Bogmis ne sait plus à quel saint se vouer. Depuis 04 ans, il arpente sans solution les couloirs du palais de justice de Bertoua dans le cadre de l’affaire qui l’oppose à Clovis Lontsi Tedongmo et dame Lois Nzokou Djoukouo. Malgré les menaces, les injures, les railleries et le dilatoire du parquet, l’homme ne renonce pas face à ses bourreaux. L’histoire remonte en 2016, précisément le 13 mai au quartier Tigaza. « Sans mon consentement, sans me tenir informé, dame Lois Nzokou Djoukouo, une voisine a demandé à ma fille Julie Princesse Bilong âgée de 7 ans d’aller faire écraser ses arachides chez Clovis Lontsi Tedongmo qui est propriétaire d’un moulin à écraser au quartier, alors que les siens papillonnaient sur la cour », raconte Joseph Odilon Bogmis. Contre toute attente, et sans savoir ce qui s’est réellement passé au moulin situé à environ 300 mètres la maison poursuit-il, « ma fille Julie Princesse Bilong s’est retrouvée avec deux doigts de la main droite (index et majeur) amputés ».

Après cet accident, selon le récit des faits déroulé par le père de la petite fille, Clovis Lontsi Tedongmo et dame Lois Nzokou Djoukouo ont transporté l’enfant au dispensaire de la police du Gmi n°7 pour les premiers soins médicaux, et ont conservé les demi-doigts de sa fille jusqu’à ce jour. Compte tenu de la gravité des faits ayant entrainé une incapacité permanente de la main droite à 70%, selon le certificat médical établit pour la cause, Joseph Odilon Bogmis a porté l’affaire devant le Tribunal de Première Instance de Bertoua. Dans le procès-verbal d’enquête préliminaire adressé au Procureur de la République et dont Le Messager a obtenu copie, Clovis Lontsi Tedongmo reconnait les faits de « Blessures graves » qui lui sont reprochés. Dans sa déposition, il déclare que « le 13 mai 2016 aux environs de 16 heures, me trouvant dans mon champ, mon fils est venu me voir pour me dire qu’une petite fille est venu écraser les condiments dans ma machine et elle a écrasée ses doigts ».

Soins

Immédiatement, poursuit-il, « j’ai pris la route pour la maison. Y étant, j’ai constaté que ses doigts étaient coincés dans la machine et certaines personnes qui étaient de passage étaient en train de faire des efforts pour libérer les doigts de cette fille de la machine. Juste après, je l’ai conduit à l’hôpital de la police à Tigaza. Après les premiers soins qui se sont élevés à 43000 francs Cfa, et que j’ai réglés, j’ai continué à m’occuper des soins de cette fille à plus de 200.000 francs. Je suis surpris que son père vienne me porter plainte alors que j’ai tout fais pour que cet enfant recouvre sa santé ». Malgré les soins apportés à l’enfant, l’état de la main de Julie Princesse Bilong a commencé à migrer vers une gangrène. Craignant pour la vie de sa fille qui délirait, Joseph Odilon Bogmis explique qu’il s’est rendu à plusieurs reprises auprès du propriétaire du moulin qui l’a envoyé se balader en lui rétorquant qu’il a déjà contribué de concert avec dame Lois Nzokou Djoukouo pour les soins de sa fille à hauteur de 240.000 francs Cfa, et que ça suffit.

Non coupables

Malgré tous les éléments produits dans le dossier contre les accusés, le Tribunal de Première Instance de Bertoua statuant en matière correctionnel et premier ressort, le 17 mai 2019 a disculpé les deux suspects (Clovis Lontsi Tedongmo et dame Lois Nzokou Djoukouo), en les déclarant « non coupables » des charges de blessures graves, d’injures et de menaces sous conditions. Les a relaxés pour « faits non établis » tout en se déclarant « incompétent » à statuer sur les intérêts civils de la partie civile. « Comme pour me narguer après ce premier verdict, ces accusés ont passé le temps à me traiter de pauvre type, à dire au quartier que je perds mon temps, que la justice c’est pour eux. Et que si je cherche à m’enrichir derrière eux, ce sont eux qui finiront par m’enfermer » révèle Joseph Odilon Bogmis. C’est ainsi qu’il interjette appel le 24 mai 2019 contre cette curieuse décision du Tpi. Suite à cet appel et à la requête du Procureur général près la Cour d’Appel de l’Est, toutes les parties ont été citées à comparaitre devant ladite Cour le 06 août 2019. « Entre temps, même mon avocat Me Kossa s’est dessaisi du dossier sans me dire exactement pourquoi », explique-t-il.

Annulation du jugement

Après plusieurs renvois, la cause fut appelée et mis en délibéré le 07 janvier 2020. Constatant que les faits de blessures graves constituent un crime, (articles 74 et 277 du code pénal) ; la Cour a déclaré le Tribunal de Première Instance de Bertoua incompétent à statuer sur lesdits faits et par conséquent annulé le jugement entrepris. « Tout ce que je veux ce sont les demi-doigts de mon enfants qui sont restés au moulin et que justice soit faite par rapport à ce préjudice. La Cour d’Appel qui a annulé le premier jugement nous a renvoyé en Grande Instance en demandant au Ministère public de mieux se pourvoir », explique le pauvre parent. « Et ce qui est curieux dans cette affaire, c’est que mon dossier qui se trouve au bureau du Procureur de la République depuis le 06 avril 2020 n’a jamais franchi le Tribunal Grande Instance qui est habilité à statuer sur lesdits faits ».
Depuis l’accident qui a amputé les deux doigts de sa main droite, la petite Julie Princesse Bilong a une instabilité de santé qui inquiète ses parents. « Avant la rentrée scolaire j’ai dû dépenser plus de 200.000 francs Cfa pour qu’elle recouvre la santé. Elle sent constamment mal à la main au point qu’elle délire souvent. Au lycée de Tigaza où elle fréquente elle ne parvient pas à écrire au même rythme que ses camarades qui se moquent de son handicap ». Pour cette forme d’injustice, Joseph Odilon Bogmis supplie le Ministre de la Justice garde des Sceaux, le Ministre des Affaires sociales, les Avocats et les organismes de défense des Droits de l’Homme de lui venir en aide.

Ange-Gabriel OLINGA B.