Cœur de métal,
miroir des heures de jamais,
respiration d'avant le monde.
Battement sourd de locomotive,
borborygme de vapeurs,
au seuil du silence des journées blanches.
Le soupir d'un temps sans passé ni mémoires
est l'essuie-glace des âmes.
Ronronnement d'entre les oreilles,
accompagnement des lumières d'hiver.
L'horloge mesure un temps incalculable,
une durée sans soucis,
fleuve qui vous prend par la poitrine
jusqu'au grand large des amarres larguées.
La grand-mère rajeunit,
l'enfant vieillit,
bercés dans une même hymne aux sommeils de vie.
La vieille tricotte une manche
pour l'enfant qui défait la pelote.
Moultes Moires peuvent bien tisser,
l'entropie peut certes se glisser :
L'horloge en mesurant
défait l'œuvre du temps
et nous rend la vie d'avant,
toute de chaleur dans les pieds
et de bonnes effluves au nez.
Il y a cette magie de la machine
à mesurer le temps,
qui démonte le temps,
qui exorcise l'avenir,
qui restaure un avant
d'avant le temps mesuré.
Une berceuse lactée sucrée,
automate d'éternité.