La comptabilité, c'est du rationnel. Pas de storytelling là dedans, n'est-ce pas ? Et bien non : le storytelling peut apporter beaucoup aux comptables.
Et ce sont des comptables eux-mêmes qui le disent. J'analyse pour les besoins de cet article une communication faite dans le cadre de l'International Cost Estimating & Analysis Association en 2020. Et en plus, ce sont des spécialistes de l'estimation et l'analyse des coûts. Autrement dit : des experts en données. Les plus rationnelles qui soient. Avec des modèles et tout. Un foccus sur le quantitatif... Et pourtant... ils veulent être des storytellers des coûts.
Ce n'est pas complètement nouveau :
J'ai déjà souvent dit que même une feuille de calcul Excel peut raconter une histoire. Des graphes peuvent aussi en raconter. Et un business plan lui-même n'est rien d'autre qu'une histoire, et pas n'importe laquelle : une fiction. Et j'ai aussi déjà donné quelques idées pour faire du storytelling dans la finance.
Alors, que disent les comptables à propos de leur compatibilité storytelling :
Oui, je sais, cette contrepèterie est un peu facile mais bon...
- N'assénez pas vos feuilles de calculs à votre auditoire :
On a souvent tendance à croire (et pas uniquement dans la compta, c'est aussi valable pour les activités de data liées à la vente, par exemple) que les chiffres se suffisent à eux-mêmes. On dit bien, d'ailleurs : "les chiffres parlent d'eux-mêmes", dans un sacré abus de langage. Donc, bien souvent, on se contente de faire un simple export des chiffres depuis Excel vers PowerPoint. Bon, je schématise, parfois, on habille un peu, on fait un peu de déco, mais le fond reste le même.
Et bien, nos amis comptables le reconnaissent, il faut arrêter de faire ça. Car, au final, les chiffres en tant que tels n'ont aucun sens. C'est ce que racontent les chiffres qui fait sens. D'où la nécessité pour les spécialistes de l'estimation des coûts de devenir des storytellers du coût. Par la même occasion, ces professionnels deviennent des stratèges et pas uniquement des architectes des chiffres.
- Choisissez une structure d'histoire hyper classique :
Oublions la créativité, l'originalité pour une fois. Mieux vaut, dans ce domaine précis, l'estimation des coûts, se tourner vers une formule narrative qui fait complètement partie de l'ADN de l'auditoire. Autrement dit : l'histoire qui se compose d'un début, d'un milieu et d'une fin.
Je sais, je sais... Je passe beaucoup de temps à dire que ce type d'histoire fait partie du passé. Il est vrai qu'elle a été créée par Aristote dans l'Antiquité grecque. Normalement, dans le domaine du storytelling, on n'utilise plus trop cette forme de récit. Mais la comptabilité est une exception : cette structure aristotélicienne sera la plus adaptée car elle est simple et familière.
Bon, tout cela ne suffit pas. Encore fait-il avoir les bons ingrédients dans la recette. Par exemple : le héros de l'histoire. Dans la plupart des cas, pour une présentation d'estimation des coûts, celui ou celle qui présente les chiffres va considérer qu'il ou elle est le héros ou l'héroïne, en tant qu'expert. Du coup, en corollaire, la personne qui présente va raconter son histoire, son parcours de découverte des coûts qui concernent son auditoire. Est-ce vraiment l'histoire dont a besoin l'auditoire ? N'a-t-il pas plutôt qu'on lui raconte son histoire à lui ? L'histoire de ceux qui prennent les décisions, sur la base de ces estimations de coûts ?
Un exemple de ce qui peut être fait :
Commencer par donner le contexte de l'estimation des coûts : quel est l'objectif et pour qui est faite l'estimation ? C'est aussi indiquer pourquoi l'auditoire devrait écouter la présentation. Ce qu'il peut retirer de cette estimation de coûts.
Il faut ensuite que l'histoire montre qu'il y a des risques associés à la prise de décisions, des budgets insuffisants... Bref, des risques que quelque chose tourne mal. Des risques de dépassement de timing... L'enjeu stimule l'attention de l'auditoire. Ensuite encore, une décision doit être prise, un choix doit être fait. Evidemment, ce choix n'est pas facile : quelle que soit la décision, il y aura des conséquences négatives. C'est tout l'intérêt de l'histoire, et tout l'héroïsme de celui ou celle qui prend la décision compliquée.
L'auditoire se fait sa petite idée : il a tout ce qu'il faut pour le faire, en termes de connaissances, d'éclairage. Le problème est reformulé et la nécessité d'une action est également reformulée. La nécessité d'incarner le rôle du héros est de plus évidente, pour au final passer à l'acte.
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