- J'sais pas où c'est chez moi, la dame m'a pris par la main à la gare de Palerme et m'a fait monter dans ce train.
- Alors tu habites Palerme !
- Peut-être, peut-être pas. J'ai un problème dans la tête qu'il a dit le docteur.
Le narrateur est un journaliste suisse. Il est en Sicile pour faire un reportage touristique sur la région de Palerme et il se retrouve seul avec Tom, huit-neuf ans, qui est atteint du syndrome d'Asperger. Cela ne vous rappelle-t-il rien?
Ce n'est pas fortuit si Tom lui a été laissé dans le train en principe pour cinq minutes, en lui demandant de veiller sur lui, par une certaine Eva. En réalité, cette présumée Eva a abandonné Tom et... un livre dédicacé à son nom à elle.
Il ne sait pas qu'il est tombé dans un piège tendu par des gens qui veulent instrumentaliser ce petit autiste surdoué, qui vient d'un foyer pour enfants abandonnés: Nous voulons nous en occuper. En faire quelqu'un dont on parlera:
Vous avez déjà pu constater son charisme, l'adhésion immédiate qu'il suscite dès qu'on le voit.
Aurait-il accepté (moyennant finance) d'aider ces gens si celle qui le lui propose n'était pas la fliquette Lenna, belle à tomber dans l'herbe, qu'il a rencontrée au commissariat où il a emmené Tom après qu'ils sont descendus du train?
Très vite ces gens lui sont présentés par elle: la riche comtesse Stété Fracho, qui en fait a adopté Tom, Eva, la blonde du train, Jack Cuthebod1, le prix Nobel suisse, Helga, l'assistante de ce dernier, et Francisco, le frère de Lenna.
Le lecteur aura compris, avant même que l'auteur ne le dévoile, quel plan ces gens-là poursuivent depuis le sud de l'Italie. Ils veulent profiter éhontément des facultés extraordinaires de Tom comme d'autres l'ont fait avec Greta...
Le but poursuivi par ces gens-là est celui du titre: À bas l'argent ! L'argent serait responsable de tous les maux qui affligent l'humanité et notamment des inégalités qui empêcheraient les êtres humains de s'aimer les uns les autres.
Cette idée fausse est basée sur une méconnaissance de l'histoire humaine, qui n'a rien d'idyllique avant l'apparition de l'argent, lequel a facilité les échanges, ce qui a permis de répandre les innovations puis de réduire la misère.
Aussi l'intérêt du livre ne se trouve-t-il pas dans le but. Il est dans l'objectif, qui sera contrecarré par ceux qui vivent du seul argent. C'est cette lutte souterraine qui alimente le suspense, sans lequel il n'y aurait pas de frisson...
Francis Richard
1- Le patronyme que lui a donné l'auteur est l'anagramme d'un réel prix Nobel suisse...
À bas l'argent !, Simon Vermot, 160 pages, Éditions du Roc (sortie le 10 décembre 2020)
Livre précédent:
La Salamandre noire (2020)