Les éditions P.O.L. publient Deuxième mille de Patrick Varetz ;
1339.
PUITS tu es ce puits qui se
nourrit d’une eau invisible
tu ne possèdes ni margelle
ni poulie simplement cette
ouverture sur le vide puits
tu peux toujours avaler la
langue des symboles et la
bouillie des mots tenter de
t’unir aux autres hommes
à leurs échanges tu n’iras
pas très loin dans le corps
social
t’unir aux autres hommes
1340.
à personne cette source dis-
tu cette source n’appartient
à personne et je m’y suis en-
vasé mal maçonné je pivote
autour d’un cœur imaginaire
puits sans fond (mais réel)
je lance un œil vers le ciel
puits sans fond (mais réel)
1341
ainsi tu es le système puits
le vide creusé au centre de
la énième parcelle creusé
pour que d’autres labourent
l’existence avec leurs mots
ainsi tout parait s’organiser
pour que d’autres circulent
autour du vide comme l’âme
autour du cœur jusqu’à l’é-
puiser
ainsi tout paraît s’organiser
1342.
Tu e le creux filtrant l’eau
ce lieu des turbulences que
rien n’altère ni l’horizon et
ses manœuvres ni le jeu de
ta cervelle c’est écrit puiser
en toi je renouvelle – seuls
comptent l’effort et ce soin
tout particulier que tu mets
à utiliser les bons moyens
tu es le creux filtrant l’eau
Patrick Varetz, deuxième mille, éditions P.O.L., 2020, 528 p., 32€
Sur le site de l’éditeur :
Depuis 1993, Patrick Varetz s’est engagé dans un projet d’écriture poétique d’envergure. Défendant un retour au vers et à la poésie, il crée une sorte d’expérience littéraire d’exploration de soi. Journal intime dans lequel interviennent autant les souvenirs personnels que les lectures, les films, la musique et les chansons. En 2013, il a décidé d’écrire mille poèmes parce qu’il avait besoin d’écrire sans cesse, matin, midi, soir, la nuit quand il ne dormait pas, parce qu’il aimait l’idée que le poème puisse recueillir les pensées, les rêves, les sentiments, les colères, les peurs, les envies.
Sept ans plus tard, il publie le deuxième volume de cette expérience poétique, le Deuxième mille. Sur le même principe que le premier volume. Le livre devient l’atelier du poète. La succession des poèmes fait apparaître ses recherches métriques, formelles, rythmiques autant que ses sujets de préoccupation. Patrick Varetz reprend son travail original sur le tercet qui s’intensifie dans ce volume. Le Je s’efface au profit du Tu qui désigne aussi bien l’auteur que ses proches ou le lecteur. On retrouve les mêmes préoccupations : le renoncement, le vide et l’imposture, la haine du père, la maladie, le suicide par pendaison. Et dans la grande tradition poétique d’un François Villon, le poème se conçoit comme une chronique de soi et du monde
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