La critique
Journal filmé attachant et sensible
Etienne (JimmyTavares) est tout fou : sa grand-mère lui a offert une caméra DV. Il va alors pouvoir filmer son quotidien durant plusieurs mois. Ses entrainements de patinage artistique, les confidences de son séducteur de meilleur ami, sa maman (Ariane Ascaride), sa grand-mère, son professeur qui pourrait être le nouveau compagnon de sa mère (Jonathan Zaccaï)…Tout y passe ! L’entourage est à la fois destabilisé, amusé puis agacé par l’apparition de cette caméra dans leur quotidien. En filmant les autres et lui-même, Etienne fait la photographie de sa vie. Une vie à un tournant, à l’âge des premiers désirs…
Pour Ma vraie vie à Rouen, Ducastel et Martineau tente l’expérience du journal filmé. Totalement fictionnel, ce projet nous plonge dans le quotidien d’un jeune homme qui cherche ses marques. Campé par l’acteur débutant Jimmy Tavares, le personnage d' Etienne est particulièrement attachant , spontané, frais. La caméra subjective permet de réellement s’identifier à lui et de partager ses petites obsessions, ses doutes.
Attachant est d’ailleurs le qualificatif qui sied le mieux à ce long métrage atypique. Les liens mère-fils, grand-mère-petit fils sont décrits avec beaucoup de justesse et de naturel. Toujours pudique, le film dévoile progressivement une sensibilité à travers ce regard d’adolescent curieux. Etienne filme beaucoup un de ses professeurs qui incarne à la fois pour lui un potentiel père de substitution et un fantasme. Celui de l’homme tendre , sexy et rassurant. Car on le sent, Etienne est titillé par ses premiers désirs. Des désirs qu’il refoule.
Faussement anecdotique, Ma vraie vie à Rouen est un portrait personnel , habité et relativement universel de l’adolescence.