Le projet de Loi de finances a été adopté à l’Assemblée nationale et au Sénat.
Pour nombre d’élus issus des rangs de l’opposition, ce projet de budget revêt un caractère profondément jouissif, socialement indigeste et économiquement inconséquent en pleine pandémie de Covid-19. Sauf cataclysme, le projet de Loi de finances 2021, récemment adopté par le Parlement, sera promulgué dans les prochains jours par le président de la République. En attendant cet acte présidentiel, des élus de l’opposition, ne passent pas par monts et vaux, pour exprimer leur opinion au sujet du budget prévisionnel, adopté par les Chambres basse et haute, devant régir le fonctionnement des institutions, repartir les enveloppes financières allouées aux départements ministériels et fixer le cap des investissements destinés à satisfaire les besoins existentiels des populations.
Sur le plan formel, le député du Wouri Est, issu des rangs du Social democratic front (Sdf), Jean Michel Nintcheu, souligne au-delà de la question préalable, conformément à la Loi portant règlement intérieur de l’Assemblée nationale, le projet de loi de finances a été déposé le 25 novembre 2020, soit 13 jours après le début de la session, en violation de la loi portant régime financier de l’Etat qui impose le délai de 15 jours au plus tard avant le début de la session. Et l’élu du peuple de conclure «ce seul fait devrait suffire à demander son rejet pur et simple». Néanmoins, fort de la majorité obèse du parti au pouvoir, le Rdpc, ce projet de loi de finances, est passé comme lettre à la poste, au Parlement.
Noso, le parent pauvre
Dans le fond, le projet de loi de finances de 2021 ne tient pas compte de la situation extrêmement préoccupante voire inquiétante dans les deux régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Le député du Sdf fait observer que ces deux régions avant le début de la crise dite anglophone, représentaient 20% de notre produit intérieur brut (Pib). Le tissu économique y est en lambeaux. Bien plus, les recommandations du Grand dialogue national de 2019, ont prescrit un investissement minimum de 3.500 milliards Fcfa, pour la reconstruction de ces deux régions. Et pour un début, «10% soit 350 milliards devaient être immédiatement consacrés à cet effet dans le budget de l’exercice 2020. Seulement 120,345 milliards Fcfa ont été alloués pour les réhabilitations/restructurations, les interventions en investissements et les participations de l’État sur l’ensemble du territoire, y compris la fraction consacrée aux régions du Nord-ouest et du Sud-ouest qui reste, malheureusement, à déterminer».
Frappant sur le même clou, le projet de budget de 2021, 130,088 milliards Fcfa sont consacrés aux réhabilitations/ restructurations, aux interventions en investissements et aux participations de l’Etat. Si rien n’est urgemment fait dans le sens de l’apaisement de ces deux régions qui passe par un cessez-le-feu suivi d’un dialogue politique inclusif entre tous les protagonistes de la crise, ce sera le bisrepetita de 2020 du fait de l’instabilité généralisée qui y perdure. On ne saurait construire sur des ruines en effervescence permanente. Le plus étonnant est que la fraction réservée aux régions du Nord-ouest et du Sud-ouest relativement à ces 130,088 milliards Fcfa, n’est pas définie et reste à déterminer. Pour l’élu du Sdf, «le gouvernement veut, une fois de plus, agir comme si la situation dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, ne mérite pas un traitement particulier, comparativement à d’autres régions en proie aux défis sécuritaires. Les dépenses en infrastructures se chiffrent globalement à 570,3 milliards Fcfa pour l’ensemble du pays, y compris les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Ce qui est insuffisant car ne représentant qu’à peine 12% du budget global qui est de 4865 milliards Fcfa».
Budget jouissif
Autre grief, et non des moindres, le Comité national de désarmement, de démobilisation et de réintégration qui a compétences sur les régions du Nord-ouest, du Sud-ouest et de l’Extrême-nord, dispose d’un budget de 3,466 milliards Fcfa. 20% sont effectivement consacrés au désarmement et à la démobilisation des ex-combattants (385 millions et (281,5 millions FCFA) pour leur réintégration. Rien que pour les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, cette allocation budgétaire est très insuffisante, pour ne pas dire insignifiante, compte tenu de la gravité de la situation sur le théâtre des opérations dans ces deux régions. Il est politiquement très inconvenant et provocateur de mettre la crise dans les deux régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, au même titre que la crise sécuritaire à l’Extrême-nord.
Et ce n’est pas tout ! Les prévisions budgétaires de 2021 ont été effectuées sur la base d’un facteur extérieur qui ne dépend pas du Cameroun à savoir un prix moyen du baril de pétrole brut Brent à 43,8 dollars US. Pour Jean Michel Nintcheu, «ce prix moyen peut connaître une baisse. Le gouvernement aurait dû rechercher des niches budgétaires en réduisant le train de vie de l’État qui consiste à pourchasser les gaspillages et à supprimer les dépenses improductives contenues dans le budget. Bien au contraire, en plus d’être potentiellement porteur de déflagrations de toutes sortes, ce projet de budget revêt un caractère profondément jouissif, socialement indigeste et économiquement inconséquent en plei-