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Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 365

Publié le 06 décembre 2020 par Antropologia

Drôle de cri dans la maison

Je n’ai encore jamais entendu cela. Dans le séjour, un cri bref et un rien métallique, assez puissant, et qui revient toutes les minutes à peu près. Je viens d’ouvrir la porte-fenêtre alors que la nuit est tombée. Une bête a dû rentrer. Une bête de nuit, sans doute une chauve-souris, il y en a ici. Je cherche, pas de vol effarouché, pas de déjections, rien de visible sous la table, sous les fauteuils, dans les plantes vertes, derrière la bibliothèque et les gros radiateurs de fonte dont je balaie les vides à grand renfort de tringles en ne récoltant que des moutons.

Je dois me résoudre à aller me coucher non sans avoir bien calfeutré le bas de la porte avec ma robe de chambre au cas où la bestiole criarde aurait l’idée de se rendre près de mon lit. Début de nuit cauchemardesque à écouter la bête qui elle non plus ne dort pas et piaule toujours. Elle veut sortir sans doute. Je me relève et laisse la porte-fenêtre ouverte dans cette nuit à 7°. Les chats errants vont entrer aussi avec le froid.

Lever pâteux, bestiole toujours là. Reinspection partout, grand ménage à fond, rien. Une visite. La personne me parle de grillon, de très gros grillon alors. Nous n’avons pas de solution. Donne- lui de l’eau au moins, la pauvre bête doit être bien assoiffée, fatiguée et angoissée. Ce que je fais. Journée à vaquer à mes occupations en compagnie des cris de cette catiote (bestiole de la nuit en Gascon). Je lui parle. J’essaie de la raisonner. Je fatigue.

Deuxième nuit. Couchée avec mon iphone que j’interroge : Cri de la chauve-souris ? Cri du grillon ? Cri de la couleuvre ? Cri de la chouette ?…Puis ce sésame : « nuit maison cri régulier bête », assez vite je trouve une solution sur le forum Futura sciences :

Bon sang mais c’est bien- sûr c’est l’alarme incendie achetée il y a plus de cinq ans qui signale sa pile à bout de course !

Je bondis de mon lit et me jette sur cette boîte oubliée, je la tiens la coupable et elle piaule toujours ! Je parviens à extraire la pile et je la tue. Ouf.

J’ai envie de passer l’appareil à tabac marteau en mains, je me retiens et le flanque dehors.

Je n’en peux plus de cette modernité électronique démoniaque qui se détraque sans cesse et me fait si souvent galérer. Je voudrais retrouver ma jeunesse démunie et plus simple.

Thérèse Marsan

14 novembre 2020


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