Ma recension publiée sur Orthodoxie.com.
Ce livre relate une partie du chemin vers Saint-Jacques-de-Compostelle, précisément de Bergerac (voie de Vézelay) à Navarrenx dans le Béarn, parcourue par l’auteure avec son filleul. La plume est alerte et talentueuse, elle embarque très facilement et très agréablement le lecteur dans cette aventure humaine et spirituelle. Ce chemin relève d’une double géographie : l’une visible, terrestre et matérielle, l’autre invisible, spirituelle, mêlant le ciel à notre terre. Les fruits vivifiants en sont les grâces propres à renouveler l’être. Il importe pour cela d’être attentif aux signes dont chacun, bien que discret, est « vivant et subtil, mais invisible aux yeux. Tout juste perceptible. Mais perceptible par tout l’être. » Des petites choses en apparence, mais aux grands effets ! Le récit associe de manière très réussie ce double cheminement, en somme la découverte extérieure, souvent une rencontre, avec un être humain, un animal ou un lieu, avec la révélation intérieure. À cet égard, l’auteure ne cache rien, tout en restant pudique et non sans qu’affleure parfois une touche d’humour, de ses luttes, de ses blessures, de ses peines, mais aussi de ses joies, de ses rêves, de ses espoirs et bien sûr des grâces qui illuminent ce chemin et sa vie.
Le livre est introduit par une préface du journaliste Luc Adrian qui inaugure très judicieusement la relation de ce cheminement et y prépare. Il confie notamment une observation que nous partageons entièrement : « On referme ce livre avec le “cœur tout brûlant” des pèlerins d’Emmaüs après leur rencontre avec le Ressuscité. » Il se termine par trois beaux compagnonnages, des « chemins partagés » qui sont autant d’échos et de prolongements du récit : ceux de Bertrand Vergely, d’Annick de Souzenelle et du frère bénédictin Benoît Billot. Chacun éclaire le périple à sa manière. Ainsi Bertrand Vergely explique pourquoi le récit de ce pèlerinage a suscité chez lui « un tel enchantement » et souligne que « Pour aller vers le Ciel en permettant que le Ciel vienne à nous, il nous faut dans ce monde aller vers notre âme. ». Il ajoute : « D’où la violence de l’existence et sa beauté. Sa violence quand elle n’a pas d’âme. Sa beauté quand elle en a une. » Annick de Souzenelle apporte en complément qu’il s’agit de « remonter à la source », car « tel est le sens de tout vrai pèlerinage ; le sens de l’ordre donné à Abraham — qui n’est encore qu’Abram — par son Seigneur, d’aller vers lui-même, au principe de son être. » Enfin, le frère Benoît Billot met l’accent sur les sens intérieurs. Il conclut que ce livre « s’adresse à toute femme et tout homme en quête, à tout chercheur de vie spirituelle. »
L’ouvrage de Marie-Ève Humery détaille sept grâces reçues. Bertrand Vergely en ajoute une huitième, son style. Nous en rajoutons volontiers une neuvième ! Elle se manifeste et grandit lors de la lecture du livre par la joie pleine d’espérance que celle-ci procure ainsi que par l’expérience de grande valeur qui est transmise ! Il en est ainsi des grâces : elles sont chacune source de croissance et de multiplication !
Marie-Ève Humery, Sept grâces sur le chemin de Compostelle, Salvator, 2020, 170 pages, 15 euros.