Ânanda Vardhana, le plus grand des poéticiens de l'Inde, écrit :
pratīyamānaṃ punar anyad eva vastv asti vāṇīṣu mahā-kavīnām /
yat tat prasiddhāvayavātiriktaṃ vibhāti lāvaṇyam ivāṅganāsu //
"C'est bien une autre réalité qui se présente
dans les paroles des grands poètes !
C'est quelque chose de plus
que les propos habituels,
quelque chose qui brille comme le charme
dans les belles femmes."
Lumière de la résonance (poétique), Dhvanyâloka, I, 4
Le "charme", lâvanya, litt. "le sel".
L'intuition poétique (pratibhâ),
śabdārtha-śāsana-jñāna-mātreṇaiva na vedyate /
vedyate sa tu kāvyārtha-tattvajñair eva kevalam //
"on ne la connait pas simplement
en prenant connaissance de l'enseignement
du le sens des mots.
Bien plutôt, on la connait seulement
quand on connaît l'être-vrai de la poésie."
Dans tous ces enseignements sur la poésie, c'est le vocabulaire mystique qui est employé. Ou plutôt, le vocabulaire mystique est inspiré du lexique des poéticiens.