En l’espace de sept mois, près d’une vingtaine de malades sont décédés faute de kits d’hémodialyse.
La société civile interpelle le ministre de la santé pour une prompte réaction. Le centre d’hémodialyse de l’Hôpital régional de Bertoua a été inauguré le 04 septembre 2012. L’espoir des insuffisants rénaux s’est rapidement estompé le 06 juin, date de l’arrêt des activités du centre. « Nous n’avons pas de kits d’hémodialyse pour pouvoir dialyser les malades. Le kit c’est l’ensemble d’éléments qu’il faut pour pouvoir dialyser un malade. C’est un ensemble de 12 éléments qu’il faut rassembler et nous n’avons pas », avoue un personnel du Centre d’hémodialyse de l’Hôpital régional de Bertoua. Sept mois après son inauguration, c’est la désolation. « Les malades continuent de venir en consultation et parmi eux, nous détectons des cas d’insuffisance rénale qui ont besoin d’hémodialyse et ces cas sont systématiquement référés vers Yaoundé parce que là-bas au moins, il y a des centres qui sont ouverts et qui ont encore le matériel », explique le personnel de santé.
Selon les familles des patients, plusieurs malades d’insuffisance rénale sont morts faute de soins ou de moyens financiers. Une information que l’Hôpital régional de Bertoua ne confirme pas. « Quand la survie d’un patient dépend de quelque chose et que ladite chose n’est pas faite, forcément il va empatir», avoue à demi-mot le personnel du centre d’hémodialyse de la région du soleil levant. Au sein des familles, c’est la désolation et la consternation au regard des vies perdues. « Nous souffrons déjà assez de manque de Kits d’hémodialyse dans notre Hôpital régional de Bertoua. Moi je pense que plusieurs requêtes ont déjà été faites vers la direction qui est à Yaoundé. C’est au ministre de la Santé publique de prendre de ce problème à cœur. Moi qui vous parle, je suis une victime. J’ai perdu deux membres de la famille là-bas à cause de l’absence de l’hémodialyse », avoue un malade. Pour bon nombre de malades, l’Hôpital régional de Bertoua est un mouroir. « L’hôpital régional devient tout simplement un mouroir.
Je ne comprends pas comment un hôpital régional comme celui-ci peut manquer des kits d’hémodialyse. Le ministre doit venir au secours des malades », confie un autre malade. « Je pense que le ministre doit faire quelque chose pour l’hôpital régional de l’Est. Tout le monde n’a pas les moyens pour aller à Yaoundé ». La société civile pour sa part regrette cette situation et appelle à une prompte réaction du ministre de la Santé publique. « Les kits qu’on envoie ici empruntent beaucoup de couloir ». Tous les regards sont tournés vers le ministre de la Santé publique qui détient la solution pour la reprise des activités au centre d’hémodialyse de l’Hôpital régional de Bertoua.
Une dizaine de centres d’hémodialyse
Le pays compte à peine une dizaine de centres d’hémodialyse, dont le tout dernier, celui de Bagou qui a ouvert ses portes le 6 juillet 2019 et celui privé de Douala en avril dernier. Du coup, des trois séances de dialyse que leur impose la thérapie, les insuffisants rénaux n’en font que deux dans le meilleur des cas, ou alors aucune séance, dans le pire des cas. Environ 40% des régions attendent toujours de jouir de ce privilège. La revue des villes camerounaises disposant d’un centre d’hémodialyse n’est guère reluisante. D’abord Bafoussam qui, ne disposant d’aucune unité de prise en charge était obligé d’orienter ses patients vers Bamenda, Douala ou Yaoundé. Une unité vient toutefois d’être inaugurée à Bangou. Dans le Sud du Cameroun, la ville d’Ebolowa fait face à une affluence des patients confrontés aux ruptures fréquentes des kits dans les hôpitaux des autres villes.
Même Yaoundé la capitale est logée en mauvais enseigne. L’hôpital général de Yaoundé est tristement célèbre pour ses « dialyses au ralenti » et les grèves à répétition des malades. L’unité d’hémodialyse du Centre hospitalier universitaire de Yaoundé (Chu), quant à elle, peine à satisfaire la demande à cause des ruptures de stocks quasi permanentes des kits. Malheureusement, la réduction des séances favorise la survenue des complications chez ses patients. Pourtant, la dialyse est un traitement qui assure le renforcement de la fonction rénale, qui débarrasse le sang des déchets et de l’eau accumulés dans l’organisme. Pour le moment, un traitement efficace contre l’insuffisance rénale.