Je suis une hirondelle et non une colombe ;
Ma nature me force à voltiger toujours.
Le nid où des ramiers s’abritent les amours,
S’il y fallait couver, serait bientôt ma tombe.
Pour quelques mois, j’habite un créneau qui surplombe
Et vole, quand l’automne a raccourci les jours,
Pour les blancs minarets quittant les noires tours,
Vers l’immuable azur d’où jamais pleur ne tombe.
Aucun ciel ne m’arrête, aucun lieu ne me tient,
Et dans tous les pays je demeure étrangère;
Mais partout de l’absent mon âme se souvient.
Mon amour est constant, si mon aile est légère,
Et, sans craindre l’oubli, la folle passagère
D’un bout du monde à l’autre au même cœur revient.
1867
Théophile Gautier
Partager cet article
Repost0 &version; Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :Vous aimerez aussi :
Soulagement J’emporte comme un fardeau léger… La passante Je l’oeilladais mi-nue, écheveléePoètes D'hier
« Article précédent