Jamais depuis l'Inde ancienne la conscience n'avait été l'objet (!) de tant de théories.
En voici quelques unes :
Le dualisme : la conscience est un élément fondamental de la réalité, irréductible à aucun autre. Elle ne peut dériver de rien d'autre. Quelle que soit la précision de nos connaissances objectives, nous n'expliquerons jamais la conscience. C'est le "problème difficile", l'abyme entre une explication objective et l'expérience, la conscience. Leibniz proposait une expérience de pensée très simple en ce sens : imaginez que vous ayez le pouvoir de zoomer à votre guise sur un cerveau. Vous ne verriez que des objets poussant des objets, "comme dans un moulin", mais vous ne verriez jamais la conscience, c'est-à-dire la perception elle-même. Pose le problème de la relation causale entre la conscience et le cerveau : comment la conscience peut-être agir sur le cerveau et vice-versa ? Cette théorie est le point de départ de tous les débats aujourd'hui, bien que rares soient ceux qui la tiennent.
L'émergentisme : la conscience "émerge" du cerveau, sans s'y réduire. Un peu comme le lapin sort du chapeau. Hop !
Le quantisme : je ne comprends pas, mais je le dis. Re-hop !
Le panpsychisme : tout est conscient (attention : tout n'est pas conscience), doué de conscience. Tout a deux faces. Depuis nous jusqu'aux électrons, tout objet comporte un certain degré de subjectivité, donc de conscience, mais si cette conscience est absolument simple dans les atomes. Il n'y a donc pas d'apparition de la conscience dans le cerveau. Elle a toujours été là, partout, en chaque objet. Le problème, c'est qu'alors on peut se demander comment les atomes qui forment mon cerveau en arrivent à engendrer "une" conscience unifiée. C'est le problème de la combinaison des conscience, pas si différent du problème de savoir comment des atomes, en s'additionnant, peuvent engendrer la conscience.
Le physicalisme : voir le cerveau, c'est regarder la conscience. Ils sont identiques. Tout connaître du cerveau, c'est tout connaître de la conscience.
Le fonctionnalisme : la conscience n'est rien de plus que les fonctions cognitives comme penser, calculer, imaginer, se souvenir... Il n'y a pas de "mystère" de la conscience au-delà de ces fonctions. Une fois ces fonctions expliquées, la conscience aura été complètement expliquée. C'est une position comparable à celle du bouddhisme.
L'illusionnisme : la conscience n'est qu'une apparence. Il n'y a pas de conscience, "je ne suis pas conscient". Si, si, il y a des gens qui défendent cette thèse...
Le comportementalisme : la conscience n'est qu'un épiphénomène, un dérivé du comportement. Nous sommes ce que nous faisons, rien de plus.
Le mystérianisme : nous ne pourrons jamais expliquer la conscience.
L'idéalisme : la conscience engendre le cerveau et tout le reste.
Cette dernière position est défendue par Itay Shani (le cosmopsychisme) et par Bernardo Kastrup (un philosophe indépendant). Pour ma part, je considère qu'il y a des vérités dans chacune de ces théories. Et des difficultés. Mais au final, l'idéalisme me semble être la théorie la plus convaincante.
Et vous ?
(je ne mentionne pas ici les variétés de chacune de ces théories, comme le panenthéisme, le pancognitivisme, l'informativisme, etc.)