Par Colette Dehalle Rédigé le 02/12/2020 (dernière modification le 01/12/2020)
le Prix Hennessy du livre dont la littérature est l'héroïne... a été décerné à Didier Blonde pour "Carnet d'adresses de quelques personnages fictifs de la littérature" publié dans la collection "L'Arbalète" chez Gallimard (c) DR
prix littéraire par la maison Hennessy.m4a (2.24 Mo)
Pour cause de pandémie, le jury des prix Hennessy ne s'est pas réuni à Cognac, siège de l'illustre maison, mais à Paris en comité restreint et paraît-il sans le traditionnel cocktail à base de citron vert, d'eau pétillante et de fine de cognac.
Pour la première année de sa création, le Prix Hennessy du livre dont la littérature est l'héroïne... a été décerné à Didier Blonde pour "Carnet d'adresses de quelques personnages fictifs de la littérature" publié dans la collection "L'Arbalète" chez Gallimard. C'est une vieille habitude chez lui de relever et collectionner dans un carnet les adresses et les numéros de téléphone des personnages de romans qu'il a pu rencontrer dans ses lectures. Son livre récompensé les rassemble au long des 256 pages, par ordre alphabétique et pour chaque écrivain il a mené une véritable enquête surtout dans les archives. Le jury explique son choix par la voix de son président Bruno Corty "Nous avons choisi Didier Blonde et son ouvrage Carnet d'adresses, car sa formidable enquête [...] est une invitation à voyager dans l'univers d'une myriade d'écrivains et d'ouvrages. C'est un livre de passionné et de passeur comme le sont ceux d'Umberto Eco ou d'Alberto Manguel". Didier Blonde est né à Paris en 1953. Il a d'abord été photographe puis professeur de lettres. Depuis 1985, il publie des nouvelles, des romans et des essais littéraires. La plupart de ses écrits se présentent souvent comme des enquêtes. Didier Blonde a obtenu le Prix Renaudot essai en 2015 pour "Leïlah Mahi 1932" paru chez Gallimard.
Marie Chaudey a quant à elle remporté le prix Hennessy du journalisme littéraire. Le jury a salué sa défense "avec conviction, sincérité, talent et humilité [de] la littérature dans les colonnes de l'hebdomadaire La Vie". Grand reporter, elle a couvert les grands évènements, accord du vendredi saint en Irlande en 1998 ou campagne électorale de Barack Obama. Elle a interviewé l'écrivain napolitain Erri de Luca dans sa villa romaine, mais aussi en juin 2010 Toni Morrison prix Nobel de la littérature 1993 à Manhattan ou encore en 2015 Olga Tokarczuk, futur prix Nobel de littérature 2018 chez elle à Wroclaw. En février 2020, Marie Chaudey a signé dans "la Vie" un reportage littéraire sur "Johannesburg, trente ans après la libération de Mandela", elle avait eu pour guide la romancière sud-africaine Fiona Melrose.
Ce même 19 novembre était remis à Londres le prix Booker, le Goncourt anglais. Créé en 1968, c'est l'un des prix littéraires les plus importants et il est doté de 50 000£, environ 56. 000 €. Le "Booker Prize" 2020 a été attribué à l'Ecossais Douglas Stuart pour son roman "Shuggie Bain", paru chez Grove Press en février denier aux Etats-Unis et chez Picador en août au Royaume-Uni. Pour Margaret Busby, l'éditrice, critique littéraire et présidente du jury, ce roman est "audacieux, effrayant et bouleversant".
Il raconte l'histoire de Shuggie, un garçon qui voue un amour inconditionnel à sa mère alcoolique, Agnes, et lui reste fidèle dans sa déchéance. Le roman se déroule à Glasgow dans les années 1980 à l'époque de Mrs Thatcher, marquée par la crise économique, et la marginalisation des classes populaires. Douglas Stuart sait de quoi il parle, il est né à Glasgow le 31 mai 1976 et a connu une enfance difficile. Il a évoqué sa mère qui "a souffert de dépendances et n'a pas survécu à ces dépendances". "Écrire ce livre a agi comme une thérapie" révèle-t-il".
La cérémonie s'est déroulée dans la salle Roundhouse au nord de Londres, elle était retransmise par la BBC mais Covid 19 oblige, les différents intervenants communiquaient à distance. Dans un message vidéo Camilla duchesse de Cornouailles a souligné l'importance de la lecture dans cette période difficile. "Tant que nous pouvons lire, nous pouvons voyager, nous échapper, explorer". L'ex-président Barack Obama a salué dans son message le pouvoir des mots, révélant être "toujours tourné vers l'écriture pour donner un sens à notre monde".
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