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30 novembre: Les camerounais d’Europe célèbrent la mémoire d’Ahmadou Ahidjo

Publié le 30 novembre 2020 par Tonton @supprimez

Le 30 novembre 1989, il rendait son dernier soupir, en exil à Dakar, au Sénégal après avoir démissionné. D’autres expatriés s’en souviennent…

« Pour moi, Monsieur Ahmadou Ahidjo était un grand homme, d’une intelligence politique rare, un fin stratège. Il avait une haute image du Cameroun, qu’il aimait sincèrement. C’était un vrai patriote. Il avait fait du Cameroun un pays respecté non seulement dans la sous-région, en Afrique et dans le monde ». L’écrivaine Marie Lissouck a bien connu l’époque où le père de la nation camerounaise officiait encore à la tête de la magistrature suprême du pays des Lions Indomptables. En exil à Paris, en France, depuis plusieurs décennies, celle que l’on surnomme affectueusement « la petite plume du peuple » reste très marquée par l’homme et son œuvre. « Son action était particulièrement visible en matière de développement des infrastructures, notamment dans le domaine économique. Il avait réussi à doter le Cameroun de grandes entreprises publiques presque dans tous les secteurs. Quand on voit ce que son héritage de bâtisseur de la nation est devenu 31 ans après sa mort en exil, à Dakar, au Sénégal, c’est incompréhensible et même choquant », affirme-t-elle.

« Chantre de l’unité nationale »

Depuis Bruxelles, le journaliste Hugues Seumo se souvient surtout du promoteur de la concorde nationale. « Pendant le quart de siècle qu’Ahmadou Ahidjo exerça le pouvoir, il avait fait de l’unité nationale sa préoccupation majeure. On l’a vu avec les équilibres régionaux, la construction des infrastructures, des grandes sociétés prospères et dont il en était très fier et qui avaient fait le bonheur des Camerounais », raconte-t-il, poursuivant : « Avec le président Ahmadou Ahidjo, l’unité nationale était une question d’obligation, de force qui ne laissait pas le choix aux citoyens, de revendiquer quelconque liberté sur tel ou tel domaine de la vie sociale. Les questions qui pouvaient diviser les Camerounais étaient bannies du champ politique où on pensait à tout point de vue à la Nation avant la tribu ou l’ethnie ». Le journaliste constate : « 31 ans après sa mort, les ministres nommés, par exemple, qui étaient jadis des agents de l’Etat donnent le sentiment de travailler pour leur communauté en priorité. 31 ans après sa mort, le pays est divisé sur tout, et la phase la plus violente est aujourd’hui matérialisée par la guerre en cours dans les régions anglophones. Inutile de parler de la décrépitude du quotidien des Camerounais en général ». La même déception se retrouve chez Marie L. Ondoa, cadre commercial en Allemagne. « Ahmadou Ahidjo a fait la fierté du Cameroun. Je pensais que Paul Biya allait continuer son travail et même faire mieux. Quand on voit le résultat aujourd’hui… c’est affligeant ».

Le rapatriement de ses restes toujours en question

« Paul Biya avait affirmé le 30 octobre 2007 sur France 24 qu’il est du ressort de la famille du défunt d’organiser les obsèques. Germaine Ahidjo, l’épouse du président défunt, de son côté avait répondu au président Biya, au micro de RFI, que c’est ce dernier qui doit organiser les obsèques officielles de son prédécesseur. Le pouvoir actuel de Yaoundé ne souhaite pas que cette question soit abordée. Sûrement craint-il que la tombe du tout premier président camerounais soit un lieu de pèlerinage et de recueillement », pense Hugues Seumo, soutenant que « Pour réconcilier les cœurs, il serait souhaitable de rapatrier non seulement les restes du président Ahidjo mais, aussi de tous les leaders indépendantistes Camerounais morts et enterrés à l’étranger. L’on ne peut pas prétendre construire une nation en reléguant au second plan ceux-là qui ont contribué à la bâtir ». Quant à Marie Lissouck, elle ne trouve pas de mots assez durs pour dire son indignation. « Ce n’est pas normal qu’aujourd’hui, le président Ahmadou Ahidjo ne puisse pas reposer dans sa terre natale, par la volonté de celui à qui il passé le pouvoir. C’est encore la preuve que depuis le 4 novembre 1982, le Cameroun vit sous une dictature ». Quoi qu’il en soit, l’Etat du Cameroun gagnerait à organiser officiellement le retour des restes du premier président de la République, dans sa terre natale. Il en va autant du devoir de mémoire, de l’apaisement des esprits que de la dignité de l’image du pays.

Jean-Célestin EDJANGUE à Paris


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