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Déforestation et exploitation minière: Ces vérités que certaines entreprises veulent cacher

Publié le 30 novembre 2020 par Tonton @supprimez

Entre destruction de leur habitation, non indemnisation des dommages, perte de leur écosystème, changement de leurs modes alimentaires et déconnexion de leur système de vie, les peuples de la forêt sont à bout de souffle au Cameroun. Et pour cause, des agro-industries mènent de vastes opérations de coupe de bois et d’exploitation minière aux conséquences directes sur les communautés.

Dans l’arrondissement de Djoum, petite agglomération de 18 000 habitants, située à la lisière avec le Congo Brazzaville, comme dans plusieurs zones forestières du Cameroun, des ONG à l’instar d’APIFED et Greenpeace ont fait de la défense des droits des populations autochtones leur combat quotidien contre les abus des agro-industries, qui utilisent des nouvelles cultures, comme une arme de déforestation massive au Cameroun. Ces agro-industries sont identifiables tant leur impact est influent. L’on pourrait citer la Socapalm, HEVECAM et Sud-cam qui ont déjà détruit des milliers d’hectares de forêt pour remplacer par le palmier à huile et par l’hévéa.

D’après des sources bien introduites, Sud Cameroun hévéa (SudCam) a coupé le cordon ombilical qui liait les peuples de la région du Sud à leur forêt. «Ces forêts ne sont plus celles des peuples autochtones comme cela se sait originellement au Cameroun. Mais elles sont devenues celles des propriétés des industries dotées d’un esprit capitaliste excessif » avouent des autochtones qui y résident jusqu’aujourd’hui. Une inquiétude pour notre histoire qui continue pourtant d’enseigner aux enfants, que des peuples comme les pygmées sont des êtres humains qui vivent dans la forêt. Pourrait-on encore affirmer une telle chose si cette déforestation s’accentue?

Des investissements Lourds de conséquences

D’après une enquête largement diffusée dans les médias, la plus grande indignation relevée au Cameroun en terme de déforestation sauvage et dangereuse vient de l’exploitation de la forêt du Sud par l’entreprise Sud Cameroun Hévéa (Sudcam). La filiale d’Halcyon agri, le géant mondial du caoutchouc, livreur de la matière premier des pneus à Michelin, Bridgeston entre autres, est installée au Cameroun depuis 2008. Par des complicités au plus haut sommet de l’Etat, elle a pu acquérir 60 000 hectares de forêt primaire soit 3 fois et demie la superficie totale de la ville de Yaoundé, capitale du Cameroun. Mais c’est seulement en 2011 que cette multinationale va débuter ses activités en engageant dans son emprise industrielle de vastes opérations de terrassement de la forêt pour y planter de l’Hévéa.

D’après un rapport de Greeepeace, ce début d’activités de Sudcam est « Un acte qui viole fondamentalement les droits de ces peuples autochtones obligés de changer leur manière et méthode de vie ». Selon l’ONG, entre 2011 et 2018, elle a rasé plus de 10 000 hectares de forêt tropicale, pour cultiver l’hévéa. Hors ce qui relève d’un crime grave dans ses opérations, relevé par Greenpeace, c’est le fait que l’entreprise se soit implantée sur les terres coutumières des peuples autochtones Baka, lesquels ont été expropriés sans y avoir préalablement consenti, ni avoir reçu d’indemnisation équitable en contrepartie. Cet état de chose a pu tout aussi être causé par une négligence expresse de la législation camerounaise qui ne reconnaît que de manière très limitée les droits fonciers des populations autochtones et des communautés locales, dont les terres sont régulièrement dépossédées par le gouvernement.

D’autres accusations fusent

Au regard des violations de cette expropriation forcée, plusieurs autres atteintes ont été portées à l’attention de Greenpeace dans le cadre des violations des droits des peuples autochtones dans le cadre de l’implantation de SudCam. En mettant en lumière les déplacements forcés des communautés Baka de leurs terres traditionnelles, la destruction des ressources forestières dont elles dépendent pour leur subsistance ainsi que la démolition des campements qu’elles occupaient au sein de la concession, Greenpeace a donné un coup de pied dans une fourmilière. A écouter ces peuples, l’action des industriels leur prive de leur pharmacopée traditionnelle. Ce qui influence systématiquement sur leur santé. Les Pygmées Baka sont un groupe ethnique répandu dans les forêts tropicales au Cameroun, au Congo, au Gabon et en république centrafricaine. Ce sont des personnes de courte taille, la plupart des adultes mesurant moins d’un mètre et demi.

Accoutumés et de manière traditionnelle à se soigner avec les essences d’herbes, d’arbres, des feuilles de plantes, des racines, fruits et du matériel végétal issues de leur milieu, les pygmées, malgré le développement de la médecine, restes des acteurs incontournables dans le soulagement des maux des hommes et africains en particulier. L’installation des agroindustries et sociétés vient ainsi mettre un terme à ce « système de santé » traditionnel. Avec la déforestation, explique un pygmée, le climat change directement. « Nous sommes habitués à vivre sous les arbres, maintenant qu’il n’y a plus ces arbres, il fait chaud. Nos huttes ont été détruites. On est obligé de se baladé dans la nature comme cela, sans repères ». A cela s’ajoute « l’impossibilité pour nous de chasser et de pêcher. Si on enlève à un pygmée la chasse, la pêche et la cueillette, il n’a plus de vie » témoigne joseph, jeune pygmée.

Cas De L’exploitation Minière

A Betaré Oya dans la région de l’Est Cameroun, l’exploitation de l’or est l’une des activités entretenues dans la zone par des sociétés étrangères d’une part, mais aussi part des habitants d’autre part, qui profitent des puits abandonnés par de grands exploitants pour tenter une exploitation artisanale. Seulement, cette exploitation ne se passerait pas dans le respect des normes environnementales requises, qui mettraient des populations à l’abri de tout danger, d’après la société civile camerounaise. Cette dernière souligne que les peuples autochtones sont les premiers exposés à cette exploitation. Selon « Dynamique mondiale des jeunes », l’une des organisations de la société civile camerounaise qui a mené des études sur ce phénomène de violations, la fraude et la corruption de l’administration camerounaise ont fait leur nid au détriment des droits de la population.
Dans son rapport, cette organisation relève qu’entre utilisation des produits toxiques, activités minières dans les cours d’eau, mauvaise gestion des déchets, non réhabilitation des sites après exploitation, non réalisation des études d’impact et le non-paiement de la caution environnementale, les peuples autochtones de la région de l’Est Cameroun restent exposés à tout danger.

Les violations des cahiers de charge occasionnent ainsi l’assèchement des zones humides à cause de l’utilisation de méthodes d’extraction ou de transformation très gourmande en eau, les déplacements de populations et la destruction des lieux de vie au profit de l’installation du site d’extraction et ou des infrastructures de l’usine de traitement. Les communautés autochtones dénoncent aussi la menace des sites sacrés. Le harcèlement sexuel des jeunes filles, les cas de viol puisque les exploitations minières drainent un flux élevé de travailleurs étrangers à proximité des communautés et le développement de problèmes économiques, de santé publique et de prostitution.

Mais le cas le plus préoccupant dans la région, demeure les accidents liés aux fosses abandonnées par les entreprises étrangères. Entre 2017 et 2018, au moins 50 personnes ont trouvé la mort dans des sites abandonnés. Selon les autorités, ces personnes ont été surprises par un éboulement, alors qu’elles cherchaient de l’or dans les trous abandonnés par la société Chinoise d’exploitation minière LU et Lang. Pour ne citer que
cela.

Ousmaila Baba dans Couloir d’Afrique N°002 du lundi 30 novembre 2020


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