C’est une voie ferrée borgne et édentée qui court sur deux cent soixante kilomètres : une paille dans l’œil du cartographe pressé. Elle enjambe une rivière qui serpente entre les monts séparant deux départements et les voies de circulation plus modernes l’ont oubliée. N’y circule plus qu’un vieux train pour seconder le travail des bœufs qui charrient le bois d’un hameau à l’autre. Comme à l’abri du reste du monde, les indigènes se gardent bien d’ébruiter l’affaire, craignant la furie des tour-opérateurs et les téléphones brandis au bout de perches.