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Karine Giebel – Chambres noires

Par Yvantilleuil

Karine Giebel – Chambres noiresCe nouveau roman de Karine Giebel propose huit nouvelles, dont les quatre premières, aux titres inspirés de films célèbres (« Le vieux fusil », « L’armée des ombres », « Un monde parfait » et « Au revoir les enfants »), sont inédites. Les quatre suivantes, plus courtes, ont déjà été publiées dans des recueils caritatifs, tels que « 13 à table » pour les Restos du Cœur en 2017, 2018 et 2019 ou une nouvelle parue pendant le confinement pour la Fondation Hôpitaux de Paris Hôpitaux de France.

Je ne suis pas grand fan de nouvelles car la plupart des auteurs ont beaucoup de mal à construire une intrigue efficace tout en développant suffisamment la psychologie de leurs personnages sur seulement quelques pages. Le recueil « Ecouter le noir », également édité chez Belfond, était déjà parvenu à me réconcilier avec le genre et Karine Giebel confirme ici qu’il est effectivement possible de proposer des textes courts efficaces, prenants et bouleversants.

Il ne lui faut en effet que quelques pages pour parvenir à brosser des personnages touchants au possible. En mettant en scène des êtres cabossés par la vie, elle nous installe dans le camp des faibles, des oppressés, des victimes et des discriminés, tout en pointant du doigt les injustices de notre société. Le résultat sont des textes engagés, abordant des sujets lourds et d’actualité, tout en proposant des personnages attachants qui insufflent beaucoup d’humanité à l’ensemble malgré la noirceur des intrigues.

Et comment ne pas parler de cette quatrième nouvelle inédite « Au Revoir Les Enfants », invitant à suivre les pas d’une nonagénaire ayant survécu à la Shoah et se préparant à affronter la pandémie du coronavirus. Faire le rapprochement entre les horreurs de la seconde guerre mondiale et la crise sanitaire actuelle aurait pu s’avérer sérieusement casse-gueule, mais Karine Giebel (« Toutes blessent, la dernière tue », « Ce que tu as fait de moi », « Juste une ombre ») le fait avec une telle maestria que j’ai terminé cette nouvelle les larmes aux yeux et le cœur en vrac. Quel uppercut !

Quelle prouesse ! Me voilà donc presque fan du genre !

Chambres noires, Karine Giebel, Belfond, 272p., 18€

Ils en parlent également : EmOtionS, CarolineAudeJuju, Livresse du noir, L’oeil noirFrance, Pause polars, La lectrice compulsive, Balades en livres, Luciole, Laure, Florence

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