Magazine Sport
Vous avez aimé Laurent Fignon sur France Télévision ? Vous aimerez Laurent Fignon dans Le Parisien. Vous ne pouvez plus vous passer de Richard Virenque sur Eurosport ? Vous allez l'adorer sur Europe 1 ! Et ce ne sont que quelques exemples de la frénésie cumularde des consultants désormais appelés à la rescousse par les rédactions pour chaque événement sportif d'importance. Le téléspectateur, l'auditeur ou le lecteur veulent de l'expertise, des visages connus, des champions même derrière les micros ? On leur en donne, au-delà de leurs espérances…
L'inflation des consultants est un phénomène propre à la presse sportive audiovisuelle. Une manifestation comme une autre de l'érosion de la confiance placée dans les journalistes, dont le rôle consiste hélas souvent lors des retransmissions à glisser des "Oh !", "Ah !", "Magnifique !" ou de "Superbes images que nous offre notre réalisateur Marc-André Dugoinot !" entre les analyses sentencieuses des experts dont ils sont invariablement flanqués. Il faudrait être ancien champion pour être crédible dans la délivrance de l'infomation sportive, comme il faudrait être ancien candidat à la présidentielle pour ne rien rater de la vie politique, ancien malade pour parler des derniers progrès en matière de lutte contre le cancer, ancien repris de justice pour parler de la vie carcérale… On pourrait ainsi multiplier les exemples au gré des sujets traités dans les rédactions.
Sur ce terrain, la bataille est déjà perdue, même si en appui du journaliste certains "hommes de l'art" apportent, c'est incontestable, une réelle plus value à l'information. Ce qui est nouveau en revanche et néfaste pour la pluralité de l'information, c'est de retrouver les mêmes têtes et les mêmes voix, donc les mêmes "analyses", dans différents médias sur un même événement. Parfois, c'est plutôt drôle. Demander à notre Richard national son sentiment sur la disgrâce de Ricardo Ricco revient à peu près à demander à un garnement barbouillé de confiture ce qu'il pense de son complice pris la main dans le pot aux délices. Mais le plus souvent, c'est agaçant, voire franchement indécent. Entendre Cyrille Guimard donner des leçons de morale ou décerner des bons points, laisse songeur… La suspicion tous azimuts, ça vaut aussi pour les grands noms du passé, non ?
Sur ces bonne paroles, Philostrate se retire loin des chinoiseries olympiques pour quelques semaines de méditations estivales…
Bonnes vacances à tous !