Si mes vers n'ont pas de rime,
s'ils ne sont pas bien peignés ;
c'est un enfant qui s'exprime :
si vous y touchez, vous me contraignez.
Taisez-vous, grands de la terre,
laissez libre un pauvre enfant,
qui ne vous fait point de guerre
et dont la paix fait le contentement.
Je crains bien que quelque sage
ne vienne ici me troubler :
un mystérieux langage
serait bien propre à me faire trembler !
Si je parle, je bégaie ;
je chante, et n'ai point de ton ;
Je badine, je m'égaie :
mon maître trouve cela fort bon.
Madame Guyon, Poésies et cantiques spirituels, 189