A la montagne ces notions prennent un autre sens quand on parle avec les gens. Les villageois. Les natifs.
Ce qui est naturel pour eux, c'est ce qui est là depuis longtemps, hérité, de tradition. Les prés, les vaches, les raccards, les chevreuils, les forêts. Mais pas le lynx ni le loup. Ils n'existaient pas avant, ils ont été introduits ou ils arrivent par la faute de changements modernes (l'expansion des forêts). Ils appartiennent donc à l'artificiel et on peut les éradiquer sans états d'âme.
Pour les amoureux de nature, au contraire, le naturel c'est la nature sans l'homme. Donc le chevreuil, le renard et la forêt mais aussi le loup, l'ours et le lynx. Ces animaux qui seraient dans nos régions si l'homme ne les avait pas exterminés jadis.
Par contre, la vache, la grange, le pré fauché sont à leurs yeux des artifices.
Cette position, poussée à l'extrême, impliquerait que non seulement on n'agisse pas sur les territoires rendus à la nature, mais qu'en plus, la présence de l'homme n'y serait pas bienvenue. Même en tant que promeneur: il dérange les animaux et change l'équilibre des choses.
D'où les problèmes de compréhension et de dialogue quand on parle de nature. Mais qu'est-elle donc?
Moi j'ai ma petite idée là-dessus. Le naturel est d'abord une construction imaginaire. On le voit par ses diverses définitions.
Et si on veut le cerner plus précisément, c'est facile. Il suffit de le chasser. Vous connaissez le proverbe...