Desperate Housewives – Bilan – Critique – Saison 4

Publié le 23 juillet 2008 par Blabla-Series

Un condensé d’humour, de bonne humeur mais aussi de médiocrité

C’est tout Desperate Housewives : une série capable du meilleur comme du pire ; les mauvaises langues diront qu’elle excelle plutôt dans le pire et que seule la saison inaugurale vaut le détour. Certes, il n’empêche que Desperate Housewives est une série majeure des années 2000, entre soap et drama, humour et tire-larmes, la recette n’avait beau être révolutionnaire, elle était diaboliquement efficace et maîtrisée, j’en veux pour preuve son succès absolu. Le succès aurait-il été au rendez-vous si la série avait fait preuve de médiocrité dès le début ? Probablement, Prison Break l’a bien fait.
La quatrième saison de ces femmes désespérées est imparfaite -comme toujours, bancale –encore une fois, irrégulière et laborieuse -c’est une habitude, parfois même insupportable et ça, c’est une grande première. Les scénaristes ont-ils perdu tout talent dans leur combat syndical acharné bien trop médiatique ? En tout cas, cette supposition expliquerait le retour ô combien raté de Desperate Housewives au printemps dernier, grosses ficelles et humour à plat, qui veut du rab ?
Pourtant, la saison avait si bien commencé. Parce qu’il faut le reconnaître, si Desperate Housewives sait faire quelque chose, c’est faire évoluer son petit monde (objectif de bâclage ?), et cela à chaque saison. Si en soi, l’astuce est douteuse, dans Desperate Housewives, cela permet d’insuffler un nouveau souffle à la vie banlieusarde et à cette galerie de personnages. Et pour cette saison, le souffle avait été plutôt étonnant, du côté des Scavo et d’une Lynette chauve et malade, intéressant, du côté des Hodge et de la fausse grossesse de Bree, exquis. L’arrivée des Mayfair, correcte, Katherine joue l’insipide mais au final se révèle attachante, étonnante. Gaby et Susan sont pour leur part fidèles à elles-même, Susan en fait trop, mais les répliques bien senties de Gaby nous font décrocher quelques sourires.
Tout allait bien en somme, il fallait plier bagage lorsqu’il était encore temps ou continuer en proposant des épisodes simples, sobres, construits. Mais la série n’a pu se contenter d’épisodes d’humour et de bonne humeur plutôt bien écrits, sa dimension dramatique s’est révélée encore une fois décevante (le cancer de Lynette, la vie d’Eddie, l’handicap de Carlos et l’arc Katherine) et les scénaristes ont été incapables de garder le fil. Plusieurs divagations, quelques histoires déroutantes, un excès de zèle incompréhensible, le potentiel initial de cette saison a fini anéanti et le téléspectateur a été contraint de subir une alternance bon-mauvais caractéristique de Desperate Housewives.


Une Bree plus savoureuse que jamais

Ce qui suit s’avère totalement subjectif, étant un inconditionnel de Marcia Cross, à la fois beauté froide envoûtante et actrice de très grand talent. Dans cette quatrième saison de Desperate Housewives, Bree, anciennement Van de Kamp, mariée Hodge depuis un an a été plus savoureuse que jamais. Pourquoi ?
Bree personnifie merveilleusement bien l’esprit –fin et rangé- de Desperate Housewives, elle incarne la rigueur et la générosité. Après un tas de malheurs personnels, l’avenir s’est annoncé plus radieux pour Bree. Veuve éplorée, sortie de l’alcoolisme, réconciliée avec son fils assagi, débarrassée de sa nouvelle belle-mère psychopathe, Bree aspirait alors à un futur paisible avec son nouvel époux, Orson. Ainsi, cette saison a été l’occasion pour Bree de se dérider, de se montrer plus guillerette que jamais, elle bénéficie ainsi de storylines amusantes et frivoles dans lesquelles elle est particulièrement à l’aise ; pour cela le talent comique de Marcia Cross et le duo formé avec le très déluré Orson Hodge permet une Bree héroïne étonnante, ravageuse, particulièrement lumineuse.
De plus, au cours de la saison, l’arrivée de Katherine Mayfair dans le voisinage fut synonyme pour Bree de compétition, les deux femmes étant supposées les fées du logis symbole de leur banlieue, Bree ne pouvait voir que d’un mauvais œil l’arrivée de cette dangereuse concurrente, Bree est alors espiègle et on aime ça. Au final, après quelques coups bas légers, Bree et Katherine se sont résolues à s’allier et s’entraider, elles forment ensuite un duo détonnant et dynamique.


Un Something’s Coming tonitruant mais une suite poussive et bancale
Une multitude de promos, un véritable buzz médiatique, des moyens mis en œuvres colossaux, comment analyser cette quatrième sans évoquer ce neuvième épisode Something’s Coming, dans lequel Wisteria Lane est rayé de la carte par une tornade aux effets spéciaux douteux ?
En lui-même, l’épisode était une belle promesse, un cadre dangereux, une bonne dose d’adrénaline, deux personnages en danger de mort : un ensemble particulièrement alléchant en somme. Pour beaucoup, l’épisode a tenu sa promesse en proposant du grand spectacle et des scènes vibrantes à souhait. Si effectivement, on ne peut considérer l’épisode comme un parfait pétard mouillé, les sensations étant présentes, on peut cependant regretter qu’il n’y ait eu une véritable prise de risque de la part des scénaristes, notamment concernant les conséquences de la tornade et les deux morts en question. Cela est resté une fois encore très sage et convenu et c‘est un peu regrettable.
De plus, les épisodes suivants ont renoué avec la médiocrité en proposant des storylines « reprise du quotidien » granguignolesques et superficielles sans prendre véritablement en compte l’effet destructeur de la tornade, cette négligence participa à l’effet peau de chagrin du supposé grand drame de cette saison.
Et c’est bien cela qui caractérise Desperate Housewives : une alternance bon/mauvais presque cyclique et une véritable incapacité à poursuivre un travail de qualité dans la durée.


Une intrigue insipide : une maladresse récurrente à Wisteria Lane

Chaque saison, les showrunners de Desperate Housewives se sentent moralement obligés de créer une intrigue propre au chapitre à venir. Allez savoir pourquoi. La première centrée sur Mary-Alice Young avait eu le mérite de sceller les wives entre elles et de surprendre un tant soit peu. La seconde était centrée sur de nouveaux arrivants, les Applewhites et malgré une fin plutôt recherchée, ledit arc, ne concernant pas assez les protagonistes, avait fait figure de storyline secondaire accessoire. Il faut dire qu’elle manquait aussi, cruellement d’intérêt. Désirant rectifier le tir pour sa troisième saison, Marc Cherry misa sur une intrigue plus enracinée et personnelle, notamment autour de Bree. Et si la résolution a été plus précoce que prévue, grossesse oblige, l’intrigue a manqué de fond et a dérouté par tant d’incohérences. Cette année, Cherry ne devait pas commettre d’impair mais celui-ci prit le risque de créer à nouveau une intrigue autour d’une nouvelle voisine, mais celle-ci étant proche de l’une des héroïnes, la conciliation était alors parfaite.

Malheureusement, une fois encore, l’intrigue tant au développement qu’à la résolution finale, ne s’est pas révélée brillante ; pourtant Katherine Mayfair est un personnage intéressant, intriguant, qui a su attiser autant le mystère que l’émotion.

Alors à qui la faute ? Il y a bien tout un tas de raisons techniques, la grève et son effet de rupture n’étant pas étranger au désintérêt suscité par cet arc mais les principaux coupables de cette intrigue avortée demeurent les scénaristes de la série qui ont toujours cette difficulté véritable à entretenir à long terme une intrigue, à établir un suspense, une tension et au final à trouver une résolution solide et inspirée. En l’espèce, facilités scénaristiques, déroulement prévisible, ton académique faussement palpitant, conclusion convenue des plus ratées, un résultat sans appel qui montre une fois encore que Marc Cherry est passé à côté de son concept. Pourtant je le redis, Katherine est un personne intéressant qui méritait une intrigue à la hauteur de sa complexité, dommage.

En conclusion, cette quatrième saison de Desperate Housewives fut particulièrement inégale, une inégalité d’ensemble car la série sait cependant peaufiner sa dimension soap over ze top gentiment sarcastique par une majorité d’histoires piquantes efficacement menées par nos héroïnes rayonnantes. Mais la série peine toujours à asseoir un propos dramatique vrai et use de facilités scénaristiques accablantes et de sermons souvent dépassés ; après quatre ans, on espérait juste un peu de changement.